Zèbre, quelle psychologie avons-nous ?
“Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement”
Nicolas Boileau
Depuis 18 mois, je travaille sur le profil zèbre.Et du coup, je me pose souvent la question, c’est quoi la psychologie des zèbres ?
Celui qu’on appelle aussi intelligence atypique, ou plus communément surdoué, enfant précoce, depuis peu haut potentiel, haut potentiel intellectuel ou enfant intellectuellement précoce.
Ma collègue blogueuse Chloé de Rayures et Ratures aime le mot : douée. Fabienne, qui m’a soutenue à la création de Suivez le zèbre, collègue blogueuse également de Toulouzèbre, qui a publié un beau billet d’humeur sur la notion de zèbre, et son actuel ras-le-bol de sa sur-utilisation : toulouzebre.fr
J’ai choisi le terme de zèbre : SUIVEZ LE ZEBRE !
J’ai lu, comme beaucoup de surdoués qui se posent des questions sur le fait de l’être ou non, Trop intelligent pour être heureux. C’est grâce à Jeanne Siaud-Facchin que j’ai découvert le terme de zèbre et sa définition. C’est elle qui a proposé ce synonyme suite à la difficulté de ses patients surdoués à s’identifier à ce terme.
Je l’ai découvert en lisant son livre dédié à l’adulte surdoué.
Pourquoi j’ai choisi le terme zèbre pour parler de moi ?
Je peux comprendre la déception de certains zèbres de voir ce terme galvaudé et mal-mené. Pour ma part, j’aime toujours autant l’image qu’il renvoie. Il y a un côté doux, symbolique, exotique, contradictoire avec ses opposés de couleurs noires et blanches gravées sur la peau de cet animal si particulier…
Et pourtant ce n’est pas forcément un animal qu’on aime quand on est petit ou qu’on prend un exemple. On va aimer le tigre et le lion pour leur force et leur beauté. Le cheval pour sa prestance, le chien ou le chat parce que ce sont des animaux domestiques que l’on côtoie et que l’on affectionne.
Le zèbre m’a toujours fait penser à un animal à mi chemin entre le cheval et l’âne, version drôle. J’adore sa robe bicolore, comme s’il ne voyait pas le monde en couleur ! Et puis, je suis moi-même quelqu’un de très dichotomique, aussi gentille et douce que je peux être dure et cassante quand on me blesse.
J’utilise beaucoup le terme zèbre dans le blog, car c’est celui qui me correspond et dans lequel je me retrouve. Aussi bien dans ses caractéristiques réelles qu’imagées.
Et je me dis souvent que j’aurais préféré être un animal à un être humain. Alors, c’est vrai que les mots de surdoués, doués, haut potentiel, HPI haut potentiel intellectuel, EIP enfant intellectuellement précoce, ne me parlent pas.
Surtout le dernier puisque j’ai découvert que j’étais zèbre à l’âge adulte. Par contre, j’aime bien la version anglaise, gifted, qui vient de la racine gift, don, cadeau.
Assumer d’être zèbre
Je voulais parler dans cet article de la psychologie des zèbres. Les zèbres en tant qu’êtres humains, je précise quand-même !
La majorité du temps, je me dis que oui, c’est quand-même un cadeau d’être zèbre, d’être très doué pour certaines choses. Ce que je trouve drôle, c’est qu’en Français on emploie le terme surdoué pour désigner les personnes qui ont des capacités cognitives supérieures à la moyenne alors que dans certains domaines, le fait d’avoir ces capacités nous rend moins doués que des personnes, qui elles, sont dans la moyenne…
C’est d’ailleurs pour ça que le terme surdoué ne me convient pas, je suis douée dans certains domaines, très douée dans d’autres, et puis un peu (beaucoup) handicapée pour certaines interprétations des comportements humains.
Quand je dis doué dans certains domaines, c’est que j’ai des facilités. Je fais les choses comme si elles étaient innées. Je progresse vite. Je rencontre peu de difficultés et quand j’en rencontre, je passe quelque temps dessus et ça se débloque vite. J’apprends aussi mieux et plus vite quand j’apprends seule ! Je suis une grande autodidacte et ça me plaît. Maintenant je me dis, que si je veux apprendre alors j’essaye !
Depuis 6 semaines, j’ai commencé la guitare. Une vraie révélation, du coup, je suis au taquet, et j’apprends seule. J’ai pas forcément envie de bosser avec un prof parce que quand j’étais petite, j’ai essayé d’apprendre à jouer de la batterie. L’échec total.
A la fin, je pleurais parce que je voulais plus y aller. Mon prof de batterie n’avait pas du tout la pédagogie adaptée à mon profil atypique. Résultat, j’ai boudé la pratique de la musique pendant près de 25ans parce que j’avais peur d’échouer encore une fois. De ne pas avoir de potentiel pour la musique. Bref j’avais peur de l’échec.
Du coup, je crois que comme on a des facilités dans certains domaines, alors quand on rate, quand on n’y arrive pas, on se sent vite frustré avec cette sensation d’être nul. Du coup, développement personnel et recherche en psychologie humaine à fond, et apprendre à maîtriser l’échec et à le transformer en opportunité. Et puis si on est mauvais dans un domaine, est-ce que ça fait de nous une mauvaise personne ?
Là aussi, faire de la psychologie humaine m’a aidé à relativiser.
Par contre quand on y arrive, on a le syndrome de l’imposteur. Un peu comme si on n’assumait pas nos capacités. C’est encore une fois lié à ces facilités… Comme s’il fallait forcément rencontrer des difficultés, galérer, produire du travail pour pouvoir être fier du résultat. Parfois c’est le cas ! En sport, je fais du footing, j’en chie grave et je suis fière quand j’arrive à terminer l’objectif que je m’étais fixé.
Puis il y a les choses faciles, intuitives, instinctives, que je réussis tellement bien ! Avant (et ça m’arrive encore parfois) j’arrivais pas à en être fière parce que ça me paraissait normal, ou évident… Je me rends compte que c’est plutôt une chance et que c’est aussi assez pratique.
Je me demande toujours : est-ce que c’est un talent ? Quelle est la limite entre la douance et le talent en ce qui me concerne ? Je ne sais pas et je ne saurais jamais ! Et c’est pas grave 🙂
Je travaille beaucoup là-dessus : assumer d’être zèbre, assumer d’être douée pour des trucs de manière décomplexée !
Assumer d’être zèbre c’est tout simplement s’autoriser à être soi-même sans en avoir honte.
Pourquoi on a honte d’être zèbre ?
Beaucoup de zèbres ont honte, ou ont peur d’avouer qu’ils sont surdoués. On a peur de la réaction des autres. De leur incompréhension, d’être maladroits, d’être incompris et jugés. Faire son coming-out de surdoués demande beaucoup de courage.
Finalement, être nous-même demande beaucoup de courage !
De plus en plus, j’ai du mal avec la société dans laquelle on vit. La société de la performance, de la beauté et du jugement… Puis, grâce à la résilience et à l’enthousiasme que j’ai, qui sont assez caractéristiques des zèbres, et du coup se retrouve dans la psychologie des profils à Haut Potentiel, je relativise. Il y a des trucs pourris, mais y a aussi des trucs cools. Et vraiment c’est devenu un fer de lance : RELATIVISER !
Quand on est zèbre, je pense vraiment que les trucs pourris nous affectent énormément. Au point de nous faire aller mal, à la limite de la dépression. On a tendance à porter tout le poids du monde sur nos épaules. On se sent responsable. C’est parce qu’on prend les choses très (trop) à coeur. Alors quitte à prendre les choses trop à coeur, autant se focaliser sur les trucs cools !
De toute façon on ne changera pas. Autant focaliser notre esprit sur des choses qui font sens et sur des gens qui nous rendent heureux !
Les gens vraiment cools ne nous jugeront pas parce que nous sommes plus doués que la moyenne. Ceux qui jugent c’est ceux qui sont jaloux ou bêtes ou les deux ! Là aussi, jouez de votre psychologie pour laisser seulement les belles personnes vous approcher !
Le bon dosage entre remise en question et affirmation.
Une des qualités et aussi un défaut qu’ont souvent les personnes surdouées, c’est le fait de se poser plein de questions. C’est épuisant… J’ai même pas encore commencé la rédaction d’un article que je me dis que c’est peut-être pas pertinent, que ça va peut-être pas vous intéresser, que le titre et le contenu ne sont pas cohérents… Ou alors, je lis d’autres articles, qui racontent un peu la même chose que ce que je vous dis et je me demande si finalement, c’est vraiment pertinent ?
Après les statistiques du blog que je regarde chaque jour me rassurent car vous êtes de plus en plus nombreux à me suivre ! Donc au final, ça doit pas être si pire ! 😉
Je travaille beaucoup là-dessus, pour me sentir légitime ! Légitime en tant qu’être humain, légitime en tant que femme, légitime en tant que prof, légitime en tant qu’amie, légitime en tant que zèbre.
Ce travail il est bien-sûr personnel, mais les autres sont aussi notre miroir, leur bienveillance, leurs conseils, leur optimisme, sont hyper importants et j’en suis sûre nous influencent carrément dans notre quotidien. Nous sommes aussi sensibles aux personnes toxiques, à la manipulation, qu’aux personnes enthousiastes et à leur bienveillance.
Seulement, nous devons avoir assez confiance en nous, pour repousser les personnes manipulatrices et bien nous entourer.
Je suis vraiment persuadée que, quand un zèbre a confiance en lui, il est capable de déplacer des montagnes. Mais quand il s’ennuie, quand il doute, il devient faible, apathique. Et notre hypersensibilité et hyperémotivité exacerbent nos ressentis et nos émotions. Ce qui fait qu’on passe souvent pour des personnes bipolaires ou borderlines.
J’adore cette phrase qui dit, qu’un zèbre est sensible à un battement d’aile de papillon, parce que c’est vrai. En tout cas pour moi ça l’est. Je ressens tout tellement fort !!! Et parfois c’est génial… parfois un peu moins.
Mais, au moins, je me sens vivante. Et mon éternelle quête de sens dans tout ce que je fais, fait que j’ai une vie très riche.
Le multipotentiel au service d’une vie en mode PROJETS !
J’adore Raiponce, même si je suis pas du tout blonde, mais on partage clairement les mêmes passions ! Hormis que Léon est un bouledogue et non un caméléon ^^
Est-ce que tous les zèbres ont le même profil psychologique ?
Je ne sais pas. Ce que je sais c’est que je m’ennuie vite, (comme beaucoup de zèbres). Je suis une slasheuse. J’exerce plusieurs métiers, je suis à la fois salariée, en CDD et aussi depuis peu en micro-entreprise. Je ne distingue pas la vie pro de la vie perso.
J’ai aussi énormément de passions personnelles, auxquelles j’accorde beaucoup de temps : la pâtisserie, la cuisine, la musique, l’art, peinture, dessin, le sport, Léon, le web, la psychologie, le marketing, la culture, l’histoire, la nature, la randonnée, les voyages, le vin, les livres, les séries, le bricolage, la déco !!! En fait parfois j’ai l’impression que j’aime tellement de choses que c’est impossible de choisir et de tout caler dans mon emploi du temps !
Cela me permet d’éviter la routine, je fuis la répétition… J’ai toujours besoin d’apprendre ou en tout cas d’évoluer, de voir que j’avance. Là encore psychologie du zèbre ou trait de caractère ?
Ma psy m’a dit récemment que j’étais un petit bulldozer, il faut que ça bouge, que ça brasse, que je construise, que j’avance… Le bulldozer qui creuse, puis tasse, puis écrase pour construire ou reconstruire. Au premier abord ça peut paraître un peu péjoratif mais finalement c’est une image qui me va bien. Je n’ai pas peur. Comme un bulldozer, je prend les montagnes d’obstacles qui se dressent dans ma vie et avec mon petit godet, j’en viens à bout. Je déteste l’inertie, ça m’angoisse…
J’aime l’effervescence des projets, la perspective que ça apporte. Partir de rien, apprendre, découvrir, construire, terminer, puis recommencer ! J’en ai fait mon métier… Manager de projets.
Troupeau de zèbres ?
C’est marrant ce matin ma grande soeur m’a tagué sur un article du Huffington post avec le titre, Apprendre que je suis surdouée à 34 ans a bouleversé ma vie.
C’était comme toujours à la fois fascinant et flippant ! Fascinant parce que cet article, son contenu, je pense que vous retrouvez quasi le même contenu dans mes articles de Suivez le zèbre partie : quotidien !
Je crois qu’on est un peu tous bouleversés quand on découvre qu’on est haut potentiel (voir article découvrir qu’on est surdoué et comprendre).
Flippant parce que parfois j’ai l’impression qu’on est tous pareil, qu’on tous la même psychologie. Qu’on ressent tous les choses de la même manière. Et dans une société où chacun cherche sa place et essaye de s’affirmer dans son individualité, c’est un peu bizarre de voir à quel point des inconnus, peuvent être si semblables !
C’est vraiment un truc qui m’interpelle depuis le début de mes recherches “cette similarité” dans notre psychologie ! Je sais que le haut potentiel est génétique, mais quand-même. On n’est pas des clones…
Et finalement quand je creuse, notamment via les groupes Facebook, ou d’autres blogs, je vois qu’on a le même fonctionnement, la même psychologie, mais nos caractères, nos passions, notre degré de tolérance, notre culture, nos potentiels, notre rapport à l’autre, à nous, à la solitude, peuvent-être très différents voire opposés !
Je suis aussi maintenant persuadée que le fait de découvrir tôt qu’on est un profil à haut potentiel aide à mieux le vivre. Quand on le découvre adulte c’est souvent suite à une errance dans les études, dans le travail, dans les relations amoureuses…
Une inadaptation qui ressort et qui crée souvent un décalage. Peu importe notre psychologie, où, quand, quoi et qui, l’essentiel c’est de s’épanouir !
Merci beaucoup d’être là et d’avoir lu l’article jusqu’au bout 😀
Je vous attends aussi sur ma page Facebook : SUIVEZ LE ZEBRE
A bientôt !
Mél
5 commentaires
il y a un vieux film; ‘le zebre’ avec thyerrie l’hermite dans le role du psy=zebre.
Bonjour Mel, oui j’ai tout lu et c’est fou comme je m’y retrouve ! Ça fait du bien ! Je ne me considère pas comme surdouée (je n’ai pas fait les tests)Mais j’aime l’idée d’être différente, parce que je le suis.Tout ce qui est expliqué dans le texte l’explique très bien.
Tu poses la question dans ton texte de savoir si les zèbres disposent tous du même profil psychologique. Personnellement (je suis zèbre), tu viens encore une fois de me le confirmer. Même s’il existe certaines variantes comme tu le dis en fonction des caractères et des personnalités, je me suis reconnu exactement et à 1.000 % dans chacun des termes qui constituent ton article. C’est toujours à la fois fascinant, déstabilisant mais aussi rassurant de (re)découvrir que des personnes que l’on ne connaît absolument vivent exactement les mêmes choses et situations que nous et qu’elles parviennent à décrire avec tant de précision ce qu’on ressent, ce qu’on vit, qui ont est et comment on fonctionne.
Cet article va immédiatement rejoindre (et sur le dessus ! ) la pile de textes que je conserve sur le sujet afin de pouvoir les relire lorsque j’en ai besoin ou que je ferai peut-être lire à quelqu’un un jour si je désire en parler à un proche ou faire comprendre à un non-initié ce que c’est que d’être HP (ou tout autre terme utilisé pour décrire les “particularités” qui caractérisent ces personnes, on s’en fout du mot employe).
Bravo donc et merci pour cette présentation hyper claire et complète sur le sujet, je n’hésiterai pas à revenir lire d’autres articles.
Bonjour Mel,
Comme vous le savez j’ai découvert ma surdouance il n’y a même pas un an (j’en ai 51) et même si j’ai toujours su que j’étais différente des autres, décalée, que je voyais les choses plus rapidement et souvent plus clairement, la découverte de ma surdouance m’a aidée à me comprendre et à comprendre mes 50 ans de vie pourtant je n’arrive pas encore à en faire une force.
J’entends encore très régulièrement : “je ne sais pas comment ton mari fait pour vivre avec quelqu’un qui se pose autant de questions que toi, ça doit être épuisant” ! Et mon mari confirme de temps en temps que, oui, c’est épuisant quand on n’est pas surdoué ! Pour ma part j’aime bien le terme suréfficiente, il me parle plus.
Je manque de confiance en moi c’est évident parce qu’il est si difficile parfois d’être différente et puis en ce qui me concerne je souffre de fortes angoisses et fortes attaques de panique, d’un syndrome de l’abandon qui est très amplifié par ma surdouance et je crois que c’est cela qui est le plus difficile à vivre car aucun psy n’ayant su détecter ma surdouance aucun n’a réussi à me soigner de ces attaques de panique. et je rencontre peu de gens comme moi ne pouvant pas facilement sortir seule de chez moi.
Par opposition à vous j’aime que les choses bougent certes mais j’ai besoin aussi d’une certaine routine qui me rassure, je n’aime pas qu’on bouscule mes habitudes même si je peux décider sur un coup de tête de déménager ou de tout changer mais j’ai besoin de plages horaires très calmes pour me ressourcer. Je n’ai jamais l’impression de m’ennuyer tant je fais de choses, tant j’apprends de nouvelles choses, tant je suis curieuse de tout.
Quant à être légitime………………je ne me sens légitime qu’en tant que maman, pour le reste c’est plus compliqué !
Mais vous lire vous ou quelques autres me fait du bien, me fait croire que je pourrais un jour être en paix avec ma différence et me fait me sentir moins seule !
Voici mon expérience et encore une fois j’ai écrit un roman pfffff !
Bonne journée à vous
quand j étais au lycée j ai gagne toutes les courses 400m 800m 1000m auxquelles j ai participe sans entrainement pour les sports collectifs j étais archi nul; en math j étais le meilleurs élèves de ma classe en moderne mais je me suis jamais senti surdoue plutôt sous doué.SOCIALEMENT JE N ARRIVE PAS A ALLER VERS LES AUTRES ET J Y AI RENONCE DEPUIS LONGTEMPS.