« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement »
Nicolas Boileau
Comprendre la psychologie des HPI et leurs comportements
Celui qu’on appelle aussi zèbre, intelligence atypique, ou plus communément surdoué, enfant précoce, depuis peu haut potentiel, HPI, haut potentiel intellectuel ou enfant intellectuellement précoce. La version anglaise, gifted, qui vient de la racine gift, don, cadeau.
Chez Suivez le Zèbre, on aime le Zèbre
Je peux comprendre la déception de certains HPI lorsqu’ils lisent le terme zèbre, devenu un peu galvaudé et mal-mené. Dans l’équipe, on aime toujours autant l’image qu’il renvoie. Il a un côté doux, symbolique, exotique, contradictoire avec ses opposés de couleurs noires et blanches gravées sur la peau de cet animal si particulier…
Et pourtant ce n’est pas forcément un animal qu’on aime quand on est petit ou qu’on prend un exemple. On va aimer le tigre et le lion pour leur force et leur beauté. Le cheval pour sa prestance, le chien ou le chat parce que ce sont des animaux domestiques que l’on côtoie et que l’on affectionne.
Le zèbre m’a toujours fait penser à un animal à mi chemin entre le cheval et l’âne, version drôle. J’adore sa robe bicolore, comme s’il ne voyait pas le monde en couleur ! Et puis, je suis moi-même quelqu’un de très dichotomique, aussi gentille et douce que je peux être dure et cassante quand on me blesse.
Je voulais parler dans cet article de la psychologie des zèbres. Il y a depuis peu beaucoup de fantasmes autour des personnes HPI. Il y a aussi ce nouveau concept HPE, qui s’est répandu comme une trainée de poudre en quelques mois, sans n’avoir jamais été démontré.
Comment fonctionne une personne doté d’un haut Potentiel ? Comment on le vit ?
Mel : La majorité du temps, je me dis que oui, c’est quand-même un cadeau d’être zèbre, d’être très doué pour certaines choses. Ce que je trouve drôle, c’est qu’en Français on emploie le terme surdoué pour désigner les personnes qui ont des capacités cognitives supérieures à la moyenne alors que dans certains domaines, le fait d’avoir ces capacités nous rend moins doués que des personnes, qui elles, sont dans la moyenne…
C’est d’ailleurs pour ça que le terme surdoué ne me convient pas, je suis douée dans certains domaines, très douée dans d’autres, et puis un peu (beaucoup) handicapée pour certaines interprétations des comportements humains.
Quand je dis doué dans certains domaines, c’est que j’ai des facilités. Je fais les choses comme si elles étaient innées. Je progresse vite. Je rencontre peu de difficultés et quand j’en rencontre, je passe quelque temps dessus et ça se débloque vite. J’apprends aussi mieux et plus vite quand j’apprends seule ! Je suis une grande autodidacte et ça me plaît. Maintenant je me dis, que si je veux apprendre alors j’essaye !
Depuis 6 semaines, j’ai commencé la guitare. Une vraie révélation, du coup, je suis au taquet, et j’apprends seule. J’ai pas forcément envie de bosser avec un prof parce que quand j’étais petite, j’ai essayé d’apprendre à jouer de la batterie. L’échec total.
A la fin, je pleurais parce que je voulais plus y aller. Mon prof de batterie n’avait pas du tout la pédagogie adaptée à mon profil atypique. Résultat, j’ai boudé la pratique de la musique pendant près de 25ans parce que j’avais peur d’échouer encore une fois. De ne pas avoir de potentiel pour la musique. Bref j’avais peur de l’échec.
Les personnes HPI possèdent de vraies facilités d’apprentissage, c’est d’ailleurs ce qui met souvent la puce à l’oreille des parents ou du corps enseignants chez les enfants. Ils apprennnent plus vite en faisant moins d’efforts.
Par contre, c’est une personnalité qui perd très vite ses moyens lorsqu’il rate ou qu’iol ne comprend pas. Son comportement change du tout au tout. Quand un HPI n’y arrive pas alors il se sent vite frustré avec cette sensation d’être nul. D’où l’importance de pratiquer le développement personnel et de continuer ses recherches en psychologie humaine. Pour les personnes surdouées ou HPI, apprendre à maîtriser l’échec et à le transformer en opportunité est essentiel pour éviter des états dépréciatif voire dépressifs. Les aider à relativiser est aussi primordial : si on est mauvais dans un domaine, est-ce que ça fait de nous une mauvaise personne ?
HPI et syndrome de l’imposteur
Quand ils sont en situation ‘échec, les personnes à haut Potentiel sont très sujettes au syndrome de l’imposteur. Un peu comme s’il n’assumait pas ses capacités. C’est encore une fois lié à ces facilités… Comme s’il fallait forcément rencontrer des difficultés produire du travail pour pouvoir être fier du résultat.
Mel : Parfois c’est le cas ! Tout le monde pense que l’on réussit tout haut la main mais ce n’est pas toujours facile ! Parfois, réussir nous demande aussi beaucoup de travail. Je fais du footing, je galère vraiment, je n’ai pas un bon cardio de base et je suis fière quand j’arrive à terminer l’objectif que je m’étais fixé. Puis il y a les choses faciles, intuitives, instinctives, que je réussis tellement bien ! Avant (et ça m’arrive encore parfois) j’arrivais pas à en être fière parce que ça me paraissait normal, ou évident… Je me rends compte que c’est plutôt une chance et que c’est aussi assez pratique.
Je me demande toujours : est-ce que c’est un talent ? Quelle est la limite entre la douance et le talent en ce qui me concerne ? Je ne sais pas et je ne saurais jamais ! Et c’est pas grave 🙂 Je travaille beaucoup là-dessus : assumer d’être zèbre, assumer d’être douée pour des trucs de manière décomplexée !
Assumer d’être zèbre c’est tout simplement s’autoriser à être soi-même sans en avoir honte.
Pourquoi a-t-on honte d’être HPI ou zèbre ?
Beaucoup de zèbres ont honte ou ont peur d’avouer qu’ils sont surdoués. On a peur de la réaction des autres. De leur incompréhension, d’être maladroits, d’être incompris et jugés. Faire son coming-out de surdoués demande beaucoup de courage.
Finalement, être soi-même demande beaucoup de courage !
Mel : De plus en plus, j’ai du mal avec la société dans laquelle on vit. La société de la performance, de la beauté et du jugement… Puis, grâce à la résilience et à l’enthousiasme que j’ai, qui sont assez caractéristiques des zèbres, et du coup se retrouve dans la psychologie des profils à Haut Potentiel, je relativise. Il y a des trucs pourris, mais y a aussi des trucs cools. Et vraiment c’est devenu un fer de lance : RELATIVISER !
Quand on est HPI, les choses négatives nous affectent énormément. Au point de nous faire aller mal, à la limite de la dépression. On a tendance à porter tout le poids du monde sur nos épaules. On se sent responsable. C’est parce qu’on prend les choses très (trop) à coeur. Alors quitte à prendre les choses trop à coeur, autant se focaliser sur les trucs cools !
Mel : De toute façon on ne changera pas. Autant focaliser notre esprit sur des choses qui font sens et sur des gens qui nous rendent heureux ! Les gens vraiment cools ne nous jugeront pas parce que nous sommes plus doués que la moyenne. Ceux qui jugent c’est ceux qui sont jaloux ou bêtes ou les deux ! Là aussi, jouez de votre psychologie pour laisser seulement les belles personnes vous approcher !
Le bon dosage entre remise en question et affirmation.
Une des qualités et aussi un défaut qu’ont souvent les personnes surdouées, c’est le fait de se poser plein de questions. Pour eux, c’est vraiment épuisant !
Mel : Parfois, je n’ai même pas encore commencé la rédaction d’un article que je me dis que c’est peut-être pas pertinent, que ça va peut-être pas vous intéresser, que le titre et le contenu ne sont pas cohérents… Ou alors, je lis d’autres articles, qui racontent un peu la même chose que ce que je vous dis et je me demande si finalement, c’est vraiment pertinent ?
Je travaille beaucoup là-dessus, pour me sentir légitime ! Légitime en tant qu’être humain, légitime en tant que femme, légitime en tant que prof, légitime en tant qu’amie, légitime en tant que zèbre.
Ce travail il est bien-sûr personnel, mais les autres sont aussi notre miroir, leur bienveillance, leurs conseils, leur optimisme, sont hyper importants et nous influencent énormément dans notre quotidien. Ils sont aussi très sensibles aux personnes toxiques et à la manipulation bien plus qu’aux personnes enthousiastes et bienveillantes car ils veulent souvent les aider ou les réparer.
Zèbre, une psychologie intense
Il est essentiel d‘avoir assez confiance en soi pour repousser les personnes manipulatrices et bien s’entourer.
Lorsqu’un zèbre a confiance en lui, il est capable de déplacer des montagnes. Mais quand il s’ennuie, quand il doute, il devient faible, apathique. Et son hypersensibilité et son hyperémotivité exacerbent ses ressentis et ses émotions. Ce qui fait qu’ils passent souvent pour des personnes bipolaires ou borderlines.
Mel : J’adore cette phrase qui dit, qu’un zèbre est sensible à un battement d’aile de papillon, parce que c’est vrai. En tout cas pour moi ça l’est. Je ressens tout tellement fort !!! Et parfois c’est génial… parfois un peu moins.
Le multipotentiel au service d’une vie en mode PROJETS !
J’adore Raiponce, même si je suis pas du tout blonde, mais on partage clairement les mêmes passions ! Hormis que Léon est un bouledogue et non un caméléon.
Est-ce que tous les zèbres ont le même profil psychologique ?
Je ne sais pas. Ce que je sais c’est que je m’ennuie vite, (comme beaucoup de zèbres). Je suis une slasheuse. J’exerce plusieurs métiers, je suis à la fois salariée, en CDD et aussi depuis peu en micro-entreprise. Je ne distingue pas la vie pro de la vie perso.
J’ai aussi énormément de passions personnelles, auxquelles j’accorde beaucoup de temps : la pâtisserie, la cuisine, la musique, l’art, peinture, dessin, le sport, Léon, le web, la psychologie, le marketing, la culture, l’histoire, la nature, la randonnée, les voyages, le vin, les livres, les séries, le bricolage, la déco !!! En fait parfois j’ai l’impression que j’aime tellement de choses que c’est impossible de choisir et de tout caler dans mon emploi du temps !
Cela me permet d’éviter la routine, je fuis la répétition… J’ai toujours besoin d’apprendre ou en tout cas d’évoluer, de voir que j’avance. Là encore psychologie du zèbre ou trait de caractère ?
Ma psy m’a dit récemment que j’étais un petit bulldozer, il faut que ça bouge, que ça brasse, que je construise, que j’avance… Le bulldozer qui creuse, puis tasse, puis écrase pour construire ou reconstruire. Au premier abord ça peut paraître un peu péjoratif mais finalement c’est une image qui me va bien. Je n’ai pas peur. Comme un bulldozer, je prend les montagnes d’obstacles qui se dressent dans ma vie et avec mon petit godet, j’en viens à bout. Je déteste l’inertie, ça m’angoisse…
J’aime l’effervescence des projets, la perspective que ça apporte. Partir de rien, apprendre, découvrir, construire, terminer, puis recommencer ! J’en ai fait mon métier… Manager de projets.
Troupeau de zèbres ?
C’est marrant ce matin ma grande soeur m’a tagué sur un article du Huffington post avec le titre, Apprendre que je suis surdouée à 34 ans a bouleversé ma vie.
C’était comme toujours à la fois fascinant et flippant ! Fascinant parce que cet article, son contenu, je pense que vous retrouvez quasi le même contenu dans mes articles de Suivez le zèbre partie : quotidien !
Je crois qu’on est un peu tous bouleversés quand on découvre qu’on est haut potentiel (voir article découvrir qu’on est surdoué et comprendre).
Tous zèbres, tous semblables, tous les mêmes ?
Flippant parce que parfois j’ai l’impression qu’on est tous pareil, qu’on tous la même psychologie. Qu’on ressent tous les choses de la même manière. Et dans une société où chacun cherche sa place et essaye de s’affirmer dans son individualité, c’est un peu bizarre de voir à quel point des inconnus, peuvent être si semblables !
C’est vraiment un truc qui m’interpelle depuis le début de mes recherches « cette similarité » dans notre psychologie ! Je sais que le haut potentiel est génétique, mais quand-même. On n’est pas des clones…
Et finalement quand je creuse, notamment via les groupes Facebook, ou d’autres blogs, je vois qu’on a le même fonctionnement, la même psychologie, mais nos caractères, nos passions, notre degré de tolérance, notre culture, nos potentiels, notre rapport à l’autre, à nous, à la solitude, peuvent-être très différents voire opposés !
Je suis aussi maintenant persuadée que le fait de découvrir tôt qu’on est un profil à haut potentiel aide à mieux le vivre. Quand on le découvre adulte c’est souvent suite à une errance dans les études, dans le travail, dans les relations amoureuses…
Une inadaptation qui ressort et qui crée souvent un décalage. Peu importe notre psychologie, où, quand, quoi et qui, l’essentiel c’est de s’épanouir !
Tu peux aussi trouver plus d’infos, de ressources et d’outils sur le Haut Potentiel dans le livre témoignage de Mel POINAS. Avec beaucoup d’humour, Mel raconte la découverte de son Haut Potentiel et les routines qu’elle a mis en place pour enfin trouver sa place !
Le livre
Écrit par une HPI !
Un témoignage et des solutions concrètes pour découvrir, comprendre et apprendre à vivre en étant HPI.
Pour aller plus loin, lire aussi
- Cerveau droit et cerveau gauche
- Zèbre, profil laminaire ou complexe ?
- Les meilleurs livres sur le HPI
- 20 caractéristiques des profils HPI
- Comment passer le test du WAIS 4
- Comment dire qu’on est HPI ?