Source crédit photo : Casting de Stranger Things
Article mis à jour le 14 janvier 2023
Peut-on avoir des amis quand on est HPI ? Peut-on être soi-même et construire des amitiés durables ?
Le HPI est très intense en amitié. Il a souvent du mal à se positionner. Soit il est trop présent et prend trop de place, soit au contraire, il ne se sent pas forcément à l’aise et ne sait pas comment se comporter.
Est-il plus difficile de se faire des amis quand on est HPI ?
Ce qui peut sembler difficile en amitié lorsqu’on est HPI, c’est qu’on ne fonctionne pas comme tout le monde ! Le fonctionnement singulier des personnes HPI le rend parfois curieux ou bizarre. Il est souvent trop cash, trop franc, un peu maladroit et obstiné. Sa soif de justice peut même le rendre agressif ou borné quand il se sent blessé ou incompris.
Ces comportements un peu too much peuvent fatiguer son entourage. La famille accepte… On choisit ses amis mais pas sa famille ! Par contre, les amis qui eux, ont le choix, peuvent se lasser du comportement des personnes HPI et finir par les laisser tomber.
Une fois n’étant pas coutume, la personne HPI se remet en question et finit par penser qu’il n’est pas aimable ou pas digne d’une amitié. Il finit par croire qu’il est trop bizarre ou trop différent et comme c’est un grand affectif, la perte de chaque ami lui est insupportable. Surtout qu’un surdoué seul est un surdoué malheureux !
Alors, faut-il rester soi-même quand on est HPI au risque de ne pas plaire à tout le monde ou au contraire jouer un rôle ?
Romy a parfois du mal à s’engager en amitié. Souvent déçue et parfois incomprise, la perte d’amis est parfois trop difficile à gérer pour elle : Je ne sais pas si c’est lié au fait que je sois haut potentiel, mais chaque fois que je perds une personne à qui je tiens, j’ai cette impression de perdre un bout de moi-même !
Il est d’autant plus compliqué pour les personnes HPI de perdre des amitiés que ce sont souvent des personnes qui s’attachent vite et donne sans retenue.
HPI : L’amitié n’est pas une question de temps mais de feeling !
Les personnes HPI sont souvent très spontanées, ont le coeur sur la main et font confiance à leur intuition. Lorsqu’elle rencontre quelqu’un avec qui ça match, c’est sans filtre, sans filet.
Mel nous raconte sa rencontre avec Charlotte : En très peu de temps, elle a pris une place immense dans ma vie, mon quotidien, mes réflexions… On se ressemble sur beaucoup de choses, on a toutes les deux cette sensibilité à fleur de peau, un côté passionné, on se pose tout le temps 1 milliard de questions, on change d’avis quarante fois en deux heures et on a des débats enflammés tout le temps… Elle est entière, tout comme moi, pas de nuances de gris, la vie c’est blanc ou c’est noir ! J’ai tout de suite eu un gros coup de coeur. Au début, je me souviens que j’avais peur de la perdre, peur que cette alchimie s’arrête.
Je sais ce que vous vous dites, Charlotte est HPI, c’est sûr. Comme si on pouvait être seulement ami avec des HPI quand on est HPI. Je ne sais pas si Cha est HPI, elle non plus d’ailleurs. Et finalement, c’est anecdotique. Elle est là, encore, et c’est le plus important. On se connait depuis bientôt 6 ans et elle est toujours une de mes meilleures amies même si on ne se voit pas autant qu’on le souhaiterait.
Amitié et HPI, aller au delà des différences
Charlotte : La première fois que j’ai rencontré Mel, j’ai vu une fille avec beaucoup de style, très souriante et dégageant une grande confiance en elle. J’ai découvert une personne pleine de ressource avec un joli débit de paroles. Une personne avec une image très forte, très présente, qui paraissait très sûre d’elle. Mel est quelqu’un qui prend beaucoup de place. Elle parle avec les mains, avec le regard et elle parle fort. J’ai jamais vu quelqu’un qui bougeait ses sourcils avec autant d’énergie ! (rires). Je pense que pour d’autres c’est quelqu’un qui peut paraître dérangeant ou trop imposant.
Une personne à Haut Potentiel peut surprendre par son caractère parfois très calme et très réfléchi ou au contraire, très enjoué voir excité en fonction de la situation. C’est souvent un ami déconcertant voire agaçant mais toujours très intéressant et inspirant.
Jonathan explique : Enfant, j’ai toujours oscillé entre état de calme extrême, en apparence seulement (ça bouillonnait déjà intérieurement), et d’exubérance et excitation parce que j’expérimentais… J’essayais de savoir comment me comporter et réagir au mieux, avec peu de succès à l’époque. Je n’arrivais pas à tisser de liens avec les enfants de mon âge car je n’avais pas le bon mode d’emploi ! Tout cela est resté vrai durant l’adolescence et l’âge adulte n’y déroge pas, je n’aborde pas les choses et les analyses comme les autres et cela amène souvent des incompréhensions ou des relations un peu tendues face à certaines personnes qui ne me comprennent clairement pas.
L’ami HPI, ses forces et ses qualités
Si tu es HPI, rassures-toi, on peut se faire et avoir des amis ! Par contre, c’est important de bien les choisir. Comme tout un chacun, une personne HPI possède ses qualités et ses défauts. Au-delà de ce fonctionnement atypique, tout être humain possède ses propres valeurs, passions, opinions et éducation. Le plus important est de trouver des gens avec qui ont est en résonance.
Charlotte : Ce n’est pas toujours facile de les suivre. Il nous pousse énormément dans nos retranchements car ils nous demandent, inconsciemment bien sûr, sans cesse de nous adapter à eux. Sauf qu’ils ont bien souvent une vision un peu décalée du monde dans lequel on vit ! Mel dégage un optimisme qui peut paraître complément déroutant, surfait même parfois. Comme si elle vivait dans le joli monde des Bisounours. Mais au fond, je me dis que c’est elle qui a raison ! Mieux vaut dessiner un ciel trop bleu qui pourrait être entaché d’un léger voile blanc plutôt que de vivre dans un ciel gris en permanence, non ?
HPI, une vie dans laquelle tout va plus vite !
Ce qui peut sembler déroutant lorsqu’on entretient une amitié avec un HPI, c’est la vitesse à lauelle sa vie évolue, la prise de risque et les virages à 180 degrés quand on a l’habitujde d’être dans une routine.
Romy : ma vie peut prendre des directions totalement opposées en quelques jours ! Ce qui est bien avec mes amis, c’est qu’ils ne culpabilisent pas s’ils avaient oublié quelques détails des derniers événements car de toute façon tout aura sûrement déjà changé !
Charlotte : Ça me fait complètement halluciner cette folie et cette capacité qu’elle a, à se mettre aucune barrière infranchissable dans sa vie. Je sais que toute cette confiance et cette assurance sont travaillées jour après jour parce que je sais aussi qu’elle se pose beaucoup de questions d’où son besoin de pouvoir se recentrer sur elle-même de temps à autre pour ne pas surcharger son cerveau et éliminer ses doutes, ses questions, étape par étape. Moi, je suis plus rationnelle. Avant de prendre une décision, je calcule tous les risques, je n’oserai jamais me lancer sans savoir où je vais ! On échange énormément sur nos prises de décisions et finalement nos différences nous aident à avoir un point de vue plus complet sur chacune des situations.
Le syndrome de l’imposteur en amitié
Les personnes à Haut Potentiel souffrent bien souvent du syndrome de l’imposteur. Le syndrome de l’imposteur est une dépréciation de l’image de soi. Les personnes atteintes de ce syndrome pensent qu’elles sont mauvaises ou méchantent et qu’elles ne méritent ni d’être aimées, ni de réussir. Lorsque ça arrive, elles se disent que c’est souvent un coup de chance et que ça ne va pas durer. Optimiste tout ça ! Mel nous aide à comprendre ce fonctionnement.
Mel : Ce qui est fou, c’est qu’en général ma famille, mes proches, mes amis, mes collègues, tous pensent que j’ai cette forte personnalité très sûre de moi, avec beaucoup de confiance… Alors que je doute en permanence. Ma soeur a dit le jour de mon mariage, ma soeur est un roc, seulement si elle a un pilier sur lequel s’appuyer. J’ai adoré son discours car elle sait au fond que le roc a les fondations fragiles. Mes fondations ce sont toutes ces personnes qui font partie intégrante de ma vie. Ils m’aident à me construire, à me remettre en question, à me poser les bonnes questions ! Je les aime d’un amour incommensurable mais je suis maladroite, brute, franche alors parfois, ça crée des désaccords ou des conflits. Ce qui m’est insupportable ! (rires) Mes angoisses reviennent au galop et j’ai peur qu’il ne m’aime plus (sauf mon chien, mais lui, on est toujours d’accord !). C’est très enfantin comme réaction ! Avec l’âge, j’évite de laisser pourrir la situation, j’essaie au contraire de désamorcer la bombe pour passer plus facilement à autre chose.
Quand on est HPI, on a souvent peur de s’engager car on a peur de perdre l’autre. Finalement, pour arriver à créer et entretenir une relation en amitié quand on est HPI, il suffit de dépasser ses angoisses et ses peurs. Arriver à se faire suffisamment confiance pour avoir confiance en l’autre et accepter qu’on est aimable et quelqu’un de bien !
Pour travailler sur son estime et sa confiance en soi, le développement personnel peut être un bon outil dans sa quête du bonheur. En travaillant sur soi, on se donne une chance de prendre conscience qu’on mérite, en tant que HPI d’avoir des amis, d’être en couple, d’avoir un métier, de réussir au même titre que n’importe qui !
Avoir un ami HPI dans sa vie est une chance !
Une personne HPI, malgré la complexité de son cerveau, apprend à vivre les choses le plus simplement possible sans s’interdire la moindre envie. Si une personne HPI se sent bien dans ses baskets alors elle s’autorise à être différente et tout devient possible !
Charlotte : Mel c’est une des mes amitié les plus riches que je puisse compter dans ma vie de part sa multiplicité. C’est vraiment quelqu’un sur qui on peut compter. Une amie qui n’est jamais dans le jugement, elle entrouvre les différentes façons de percevoir les choses et nous fait nous poser les bonnes questions. Que nous soyons nos propres décisionnaires pour résoudre nos doutes, nos problèmes, dépasser nos peurs.
L’amitié avec un HPI avec ou sans contrainte ?
Il est important de distinguer les personnes à Haut Potentiel qui souffrent d’un syndrome de l’abandon et donc de dépendance affective et les HPI qui n’en souffrent pas. Dans le premier cas, l’amitié peut vite être perçue comme une contrainte car l’amitié n’est pas basée sur un fonctionnement sain. Dans ce cas précis, on ne choisit pas l’ami pour ce qu’il est mais pour ce qu’il nous apporte (ne pas être seul).
Si tu es HPI et que tu souffres de dépendance affective, te faire accompagner par un professionnel peut être un bon début pour t’aider à construire des amitiés vraies et réciproques et éviter les relations toxiques. Là encore, le développement personnel est une bonne approche pour commencer.
Si tu ne souffres d’aucun syndrome de l’abandon, alors ton amitié sera certainement réciproque et sans contrainte. En effet, la lucidité, la fidélité, la loyauté des HPI et leur grand coeur constituent leurs plus grandes forces s’ils ne se sentent obligés de rien en retour.
Mel : J’aime les amitiés sans contrainte. Je veux être sûre que je peux refuser une soirée sans blesser l’autre. Le simple fait de savoir que je peux dire non sans être jugée est important pour moi. Je pense que l’amitié peut être très forte sans qu’on se voit tous les jours. Je suis également persuadée que lorsqu’on aime vraiment quelqu’un, on accepte qu’il ne nous appartient pas et qu’il est libre de partager son temps avec d’autres personnes que nous. L’amitié ne doit pas être exclusive pour être belle.
Une personnes à Haut Potentiel a conscience de tout ce qui l’entoure et que son instinct est sa force quand il se fait confiance. Croire en soit permet d’assumer ses décisions et de tirer du positif de chaque situation y compris en amitié.
L’amitié avec un HPI est belle, riche et importante
Rire, parler, débattre, méditer, analyser, jouer, se ressourcer, profiter, échanger, s’enrichir ensemble !
Merci à tous les HPI qui permettent à leur entourage d’évoluer grâce à leur propre introspection, leur vision objective du monde et leur facilité à connecter les gens entre eux pour les aider à passer les meilleurs moments ensemble.
HPI et amitié : nos conseils
Voici quelques conseils de l’équipe de Suivez le Zèbre pour entretenir une belle amitié quand on est HPI :
- prendre des nouvelles régulièrement
- soutenir ses amis quand ils ne vont pas bien mais aussi quand ils vont bien
- les écouter et s’intéresser à eux
- leur poser des questions sur ce qui leur tient à coeur
- se voir au moins une fois par an
- accepter qu’on n’a pas toujours le même point de vue
- partager des bons moments à deux et en groupe
- communiquer beaucoup !
Merci à Romy, Mel, Charlotte et Jonathan pour leur témoignage.
Pour aller plus loin, lire aussi
- L’amitié quand on est zèbre, surdoué, HPI
- HPI et syndrome de l’imposteur
- Les surdoués s’attirent-ils entre eux ?
- S’initier au développement personnel quand on est HPI
- Le développement personnel, un outil intéressant pour les HPI
- Caractéristiques du Haut Potentiel
- Comment dire qu’on est HPI ?
- Les meilleurs livres sur le HPI