Peut-on être zèbre et être un bon Manager ?
Ce matin, j’étais avec mes étudiants de dernière année de Master. Je suis consultante en Management. La semaine passée j’étais avec d’autres responsables de formation. Notre métier consiste à préparer et former au mieux les futurs managers de demain qui sortent de nos écoles.
Sacrée mission quand on y pense !
Le manager joue énormément sur la motivation des collaborateurs et il influence également leur comportement. Un manager mauvais mettra certains de ses collaborateurs en souffrance. On ne quitte pas forcément un job à cause du salaire mais on quitte un job pour une mauvaise ambiance et pour un mauvais management.
Le manager sera vecteur de turn-over ou au contraire de fidélisation des salariés. C’est un jeu d’équilibriste subtil d’être une entreprise à valeurs fortes ou les managers sont simplement vos relais et ambassadeurs, sans que vous en soyez prisonniers.
Théorie du Management : le manager idéal existe-t-il ?
Quand je suis sur Linkedin, je lis beaucoup d’articles liés au Management. Et je me suis rendue compte qu’on parlait de quête de sens, de bienveillance, d’empathie, d’écoute etc… Mais, est-ce que c’est ça la bonne réponse ?
L’écoute, l’empathie ? Une bonne dose de décision et d’autorité, est-ce que c’est pas également nécessaire pour être un bon manager ? Et puis un peu de charisme aussi, de l’exemplarité, du leadership, une vision ? De l’esprit ? Et de l’humour aussi ! Et si c’est quelqu’un de stylé et qui en plus fait du sport et aime les flamands roses, là c’est le jackpot !
Finalement, c’est comme tout, si on demande à vingt personnes de donner une définition du Manager, on aura certainement vingt réponses différentes !
On se fait tous une idée du Manager idéal, comme on se fait une idée du conjoint idéal, du dirigeant idéal, de l’entreprise idéale, de la belle-mère idéale.
Du coup ce manager idéal, il ne répond pas à une norme, il répond à un besoin ! Et ce besoin c’est celui de ses Managés ! Vous commencez à me connaître, je déteste les cases, les définitions, les normes, les c’est comme ça et pas autrement ! Et je suis sûre que certains voient déjà où je veux en venir…
C’est quoi un bon Manager ?
Management délégatif, explicatif, participatif, directif, assertif ?
Face à tant d’incertitudes et de questionnement existentiel : qu’est-ce qu’un bon manager ? Je me suis dit : qui mieux que les managers de demain pour répondre à cette question ? Du coup, ce matin, j’ai demandé à mes jeunes de me parler de leur manager direct.
J’aime les sortir de leur zone de confort, et ce que j’aime par dessus tout, c’est les aider à se poser les bonnes questions ! Ce que je voulais en leur posant cette question c’est qu’ils se rendent compte que, suivant leur profil, le manager idéal n’était pas le même pour tous.
Je leur ai donné un travail simple : ils devaient me dire en quoi leur manager direct était un bon manager, un mauvais manager et quels axes d’améliorations ils proposaient pour l’aider à s’améliorer.
Les autres sont un miroir de nous-mêmes et en parlant de l’autre c’est de nous qu’on parle. En leur demandant d’analyser les attitudes et les méthodes de Management de leur Manager c’est eux que je questionnais sur le manager idéal qu’il souhaitait devenir.
Parle-moi de ton manager et je te dirai celui que tu veux être !
Un ensemble de qualités pour un objectif commun : l’épanouissement
Tout le Monde est persuadé qu’en Management le sens est la clé. Là encore, le sens c’est comme le manager idéal, il n’est pas le même pour tout le monde ! Bien-sûr le sens est le fil conducteur d’une carrière, mais il n’est pas forcément présent à chaque emploi.
Donner du sens à son travail, à sa vie, à son temps ! C’est une démarche personnelle. J’aime mon travail, je dirai même que je suis passionnée. Pourtant, beaucoup de mes amis ne pourraient pas faire mon métier. Et je ne pourrais pas faire le leur. Parfois le sens qu’on donne à notre travail reste la fin et non le moyen.
Je me souviens quand j’ai monté ma première entreprise, j’ai fait la plonge dans un restaurant pour continuer de payer mon loyer en étant future entrepreneuse. Et finalement ça avait du sens à ce moment là d’être plongeuse, et je n’avais aucune frustration liée à cela.
La clé du Management en entreprise : LES VALEURS !
En cours de Management, qui est plutôt un espace de parole qu’un cours à proprement parlé, j’enfonce des portes ouvertes. Ce que je leur dis, finalement, c’est du bon sens et de la logique ! Mais qui nous l’enseigne ? A quel moment dans notre cursus, on nous dit, le bon manager c’est celui qui t’inspire toi et pas ton voisin !
Trouver le bon métier, trouver la bonne entreprise, trouver le bon manager dépend de qui vous êtes et de ce qui vous anime. Et surtout, point le plus important, il est lié à VOS VALEURS !
Bien se connaître pour choisir le manager qui nous correspond !
Bien se connaître soi-même permet d’éviter d’accepter un poste ou une mutation dans un service avec un nouveau Manager.
C’est ici que l’entretien est la clé.
L’entretien d’embauche, un moment stratégique pour bien définir sa résonance avec l’entreprise.
L’entretien d’embauche doit servir aux deux parties : l’entreprise et vous !
N’acceptez pas n’importe quel poste dans n’importe quelle entreprise par peur du manque ! Manque financier, manque de travail etc…
C’est dur de passer au dessus de ses contraintes, mais il vaut mieux parfois galérer quelque temps pour se donner une vraie chance de trouver un poste et une entreprise dans lesquelles on se sent bien et on s’épanouie professionnellement et humainement.
Quand on cherche ou change de travail, on n’ose pas forcément poser certaines questions par peur de choquer le recruteur ou de se sentir déplacé. Pourtant c’est le seul moment où vous pouvez avoir des infos sur votre futur manager et votre future entreprise alors profitez-en. En face à face, le corps donne des pistes que google ne peut pas vous donner, même après des heures de recherches !
Finalement c’est à ce moment-là que tout se joue !
L’entretien entre plusieurs personnes et la communication interpersonnelle…
Les questions que l’on n’ose pas poser !
- Quelles sont les valeurs de l’entreprise ?
- Quel type de Management vous pratiquez ?
- Quelle est la vision/philosophie de la direction ?
- Pouvez-vous présenter l’équipe
- Qu’est-ce qui anime l’équipe au quotidien ?
- Est-ce qu’il y a de l’extra entreprise type afterwork, activités ensemble
- Est-ce que vous avez une politique RSE ?
- Est-ce qu’il y a des projets extra-entreprise type mécénat, fondation ?
- Qui est le décisionnaire dans l’équipe ? Pour le service ? (Un N+1 ? Un N+2)
- L’évolution de carrière pour ce profil de poste et les responsabilités
- Quel est la part d’autonomie et de liberté dans le poste ?
- Est-ce qu’on peut faire preuve de créativité et d’innovation dans le poste ?
- Les projets de développement de l’entreprise
- Flexibilité sur les horaires, ou horaires fixes.
- Est-ce que le poste aura besoin d’heures supplémentaires
- Les modalités de rémunération de l’entreprise (fixe, variable, prime, part etc…)
- Quels avantages autre que le salaire CE et en plus de rémunération
N’hésitez pas à profiter de ce moment-là parce que vous n’aurez pas beaucoup d’opportunités pour vous faire votre avis. Un, deux, trois entretiens, ça passent vite, c’est court, et pourtant c’est un moment où vous prenez une décision importante pour votre vie.
L’entreprise est censée être garante de son image, de ses valeurs, de son management. Pourtant, parfois il suffit de changer de services et donc de Manager pour se sentir beaucoup plus épanouie ou au contraire, ne plus se sentir à sa place. C’est là que la direction doit jouer un rôle clé.
Et dans mon entreprise ?
En tant qu’entreprise, vous avez défini des valeurs que vous souhaitez incarner. Le management c’est le cercle vertueux garant de l’incarnation de vos valeurs par votre High/Top Management, votre Middle Management et du coups vos collaborateurs.
Pour définir ce qu’est un bon manager dans votre entreprise, définissez vos valeurs, ce qui vous anime et recrutez des gens qui partagent vos valeurs et votre vision !
Et le haut potentiel dans tout ça ?
Le haut potentiel est une personne comme les autres, avec ses besoins, ses aspirations, sa culture, son éducation, ses capacités etc…
Est-ce qu’on peut-être zèbre et être un bon manager ? Évidemment…
Est-ce qu’on peut être zèbre et être un mauvais manager ? oui aussi !
Un profil à haut potentiel à des caractéristiques facilement identifiables et de ce fait il sera un excellent manager pour les personnes qui recherchent un manager :
– altruiste qui sait partager les succès.
– empathique
– résilient
– qui travaille en mode multi-projets
– qui est passionné
– qui favorise le partage, l’innovation et la créativité
– qui s’engage et demande de l’engagement à ses collaborateurs L’engagement (voire le sur-engagement)
– qui est juste et n’hésite pas à prendre position dans l’entreprise pour développer cette valeur
– qui est reconnaissant
– qui est exigent
Un manager avec un profil à haut potentiel peut-être un manager très inspirant, cependant il a un très haut niveau d’exigence envers lui-même qui se répercute forcément sur son équipe. Il aura donc la même exigence avec vous qu’envers lui.
Si vous êtes prêts à relever le défi, ce sera un excellent guide et quelqu’un qui pourra vous monter à un très haut niveau dans l’entreprise.
Le profil zèbre est un révélateur de talent et il saura vous laisser prendre votre envol quand il sentira que c’est nécessaire à votre épanouissement.
Pour conclure :
Un manager à haut potentiel est aussi inspirant qu’exigeant !
Il est souvent brillant mais son plus grand écueil reste la gestion de ses émotions et de sa sensibilité. Lorsqu’un profil à Haut Potentiel à une bonne maîtrise et confiance en lui, il peut devenir un leader charismatique et disruptif adoré par ses équipes.
Pour savoir quel manager vous souhaiteriez devenir, dites-moi quel serait votre Manager idéal.
Vous aimez les articles du blog ?
Découvrez Suivez le Zèbre, le livre inspiré du blog avec son contenu inédit et ses astuces pour mieux vivre ses rayures au quotidien.
Rendez-vous sur la Boutique en Ligne

Sur Amazon
Merci beaucoup d’être là, merci beaucoup d’avoir lu cet article jusqu’au bout.
Je vous souhaite une belle fin de journée. Prenez bien soin de vous.
Je vous attends également sur ma page Facebook : SUIVEZ LE ZEBRE
et sur ma page Instagram : @Suivezlezèbre
MERCI et à très bientôt,
Mel
15 commentaires
J’en ai des frissons, tellement c’est mon parcours, mise à part l’âge mais on est pas loin…
Mon « ejection » à par contre été beaucoup plus violente…
Bon courage pour la suite !
Bonjour
Merci pour cet article qui me parle énormément.
Je suis manager depuis 3 ans et je viens de découvrir, à 43 ans, que je suis zèbre.
Je partage tout ce qui a été dit plus haut et je comprends petit à petit pourquoi même si j’aime beaucoup le management (être à l’écoute, faire « grandir » les personnes,…) je suis extrêmement angoissée et stressée dans ma vie professionnelle. Certainement à cause de consignes, de conflits de jalousie contraires à mes valeurs et que je n’arrive pas à gérer émotionnellement.
Je pense également à une reconversion dans l’enseignement mais je crois que pour le moment je n’en suis pas capable car je dois m’accepter en tant que zèbre et la route est longue.
Je commence par la fin de l’histoire:
J’ai été manager pendant plusieurs années, je suis désormais indépendant.
Je m’ennuie plus au travail, mais j’ai moins de problèmes de santé.
Je suis devenu manager car ça me semblait être un métier dans lequel je pourrai m’épanouir, et ça a vraiment été le cas.
Sincèrement, j’étais stimulé intellectuellement du matin au soir, on venait me consulter pour débloquer les situations complexes dans lesquelles les solutions classiques ne fonctionnaient plus.
Je pouvais faire preuve d’autonomie sans avoir non plus la peur de devoir donner le cap d’ensemble de l’entreprise.
J’avais des dizaines d’interactions par jour, une équipe d’environ 30 personnes, une douzaine de projets en cours à la fois, de la prospection commerciale, du suivi RH, de la consolidation budgétaire, etc.
J’avais un mal fou à me conformer et à comprendre les attentes de ma direction parfois, mais à force je finissais à peu près à y arriver.
Je pense que j’étais un manager humain, à l’écoute, qui donnait tout son temps et son énergie pour ses équipes, bref plein de belles choses.
J’avais vraiment l’impression de changer le monde à ma manière, en élaborant des plans de carrière avec les gens, mettant en place des relations gagnant-gagnant avec mes clients, formant des jeunes que j’aidais à progresser.
Ca c’est que je faisais bien…
Mais…
Bah oui y a un mais 🙂
J’étais élitiste, j’avais mes « chouchous » qui comprenaient plus vite que les autres, étaient prêts à en faire plus
Je me suis opposé frontalement à mon directeur quand il ne fallait pas car je n’ai pas été capable de gérer mes émotions
J’ai montré trop d’empathie à un collaborateur à qui j’annonçais qu’il n’avait pas d’augmentation
J’étais tyrannique sur des détails, je voulais que tout soit parfait (genre pas deux polices d’écriture dans un doc par exemple 🙂 )
Je voulais tout contrôler, tout maîtriser, Je déléguais peu et mal, je passais un temps fou sur des conneries.
J’alternais des périodes de rush intenses avec des périodes de mou
Je manquais de détachement quand il fallait appliquer des consignes avec lesquelles je n’étais pas en accord.
La suite, vous vous en doutez, c’est un gros brun out, bien violent.
Je suis resté un an et demi sans bosser.
Ca a été la meilleure chose qu’il pouvait m’arriver, de toute manière j’étais à un tel niveau d’épuisement physique et nerveux que j’aurais eu un accident grave si j’avais pas lâché la rampe ainsi.
Ca serait à refaire, je referais pareil.
Ca m’emmerde car je sens que c’est vraiment un métier qui me convient bien.
Mais mon incapacité à mettre une distance émotionnelle fait partie de moi, je ne la changerai pas, et c’est comme vouloir être pilote d’avion en y voyant que d’un oeil.
Il faut avoir été manager pendant quelques années dans différentes structures pour le comprendre ça.
Avoir vécu les guerres internes, les enjeux politiques qui font que ce sont pas toujours les décisions les plus sensées qui sont prises.
Il faut être capable de voir un sous-traitant incapable être choisi à la place d’un autre meilleur juste parce qu’il est un peu meilleur, et que le décideur de la boîte à laquelle on appartient souhaite juste présenter un budget favorable à la fin de l’année.
Il faut pouvoir mettre son opinion bien loin au fond de sa poche, mettre un mouchoir dessus, et aller présenter cette nouvelle à ses équipes comme si c’était une excellente nouvelle.
Et essuyer sans rien dire les critiques des employés qui vous traitent des yeux d’incapable.
Celui qui n’a pas vécu ça ne sait pas ce que c’est que le métier de manager.
Tous les jours on doit rouler son orgueil, ses valeurs, en une petite boule compacte qu’on ravale et qui fait mal à la gorge, et penser à autre chose en rentrant chez soi le soir.
Donc non, je ne pense pas qu’un zèbre puisse faire un bon manager malheureusement.
Bonjour Mouette,
Je partage totalement ton témoignage! Après 10 ans dans le management (sans l’avoir jamais cherché, comme si on voyait chez moi un « manager naturel »), je viens de me faire virer par un président de CA qui, en résumé, me reproche de ne pas être dans sa tête. J’ai 49 ans, suis convaincue que je suis zèbre (même si je n’ai pas encore passé le test) et je me retrouve dans chaque mot que tu écris. Autant te dire que ça me travaille et que je ne sais pas vers quoi me rediriger. Je pense à une reconversion dans l’enseignement tellement je suis déçue du monde de l’entreprise. Dans quel domaine d’activité as-tu retrouvé du travail?
Merciiiiiiiiii 🙂