Je ne suis pas bizarre, je suis surdouée !
J’ai « rencontré » Julie dans un groupe sur Facebook, un groupe de zèbres 🙂
J’ai posté une « annonce », je souhaitais vraiment mener à bout ce projet de témoignages et d’expériences d’autres zèbres. Je pense que c’est vraiment important de partager nos vécus, nos sensations, pour justement oublier qu’on est énormément en France et à l’étranger (entre 2% et 5% de la population est estimée à haut potentiel).
On a tous eu cette impression d’être seul et incompris, alors en partageant ensemble et aussi à d’autres cela nous permet de déculpabiliser, et juste d’être nous-même ! De comprendre aussi que cette différence est une force et non un frein… Car c’est la différence qui fait la richesse de cette planète, dans toutes les cultures, dans toutes les espèces… Cela nous permet d’évoluer, de nous adapter !
Comme beaucoup d’autres zèbres, je me reconnais dans certaines parties de ton témoignage ! Notamment la partie adolescence et lycée ! Et c’est drôle car à chaque nouveau témoignage que je lis, je ris et je me dis, Mais tellement !!! » Comme quoi, à la fois tous différents et pourtant aussi si semblables !
Merci Julie pour témoignage drôle et sincère ! J’espère qu’il inspirera d’autres zébres, qu’il aidera des personnes non-zèbres à nous comprendre un peu plus. Merci pour cette belle collaboration et pour t’être ainsi livrée sur le blog sans même que nous nous connaissions.
Merci beaucoup ! 😀
Mél
HPI, décalage et différence !
J’ai toujours eu cette sensation de « différence ». Enfant et ado on me trouvait « bizarre », moi je me sentais seule. Je me sentais en dessous de tout. A l’adolescence j’ai mis cela sur le compte du manque de confiance classique dû à cet âge-là.
Et pourtant, me résonnaient en tête depuis toujours deux sons de cloches:
-« t’es bizarre » qui pour d’autres se transformait en « tu es une fille hyper intelligente, tu as le cœur sur la main, du courage, t’es cultivée, t’as tout pour toi! ….je ne comprends pas pourquoi tu n’as pas confiance en soi, ça te bloque. »
Cette deuxième interprétation semblait sauter aux yeux de pas mal de personnes. Proches ou non.
Moi, il m’est arrivé de me demander si je n’étais pas simplement folle.
A l’école j’avais de bons résultats, soulignés par mes profs avec systématiquement la même remarque : « malheureusement sans effort ».
Avec le recul, c’est vrai je ne travaillais pas vraiment à cette époque. Je ne m’ennuyais pas pour autant. L’école était obligatoire donc je faisais ce qu’on me demandait. Mes devoirs, et j’avais de bons résultats. Je ne voyais pas plus loin. J’avais pas mal d’activités périscolaires, c’est peut etre pour cela que l’école et mon quotidien ne m’ennuyait pas.
Au collège, à l’âge bête, bizarrement, mon étrangeté ne dérangeait pas. On me voyait comme différente mais étrange. J’étais dans un collège en zone d’éducation prioritaire, « mal fréquenté » disaient certains, et pour le coup, la diversité sociale m’a aidée à m’intégrer davantage. Chacun avait sa place. Les meilleures années de ma scolarité.
Arrivée dans le monde plus « adulte », dès le lycée en réalité, les échos que j’avais étaient un peu différents mais pas forcément plus agréables; je n’étais plus « bizarre » mais « hautaine ». Je ne comprenais pas pourquoi. Résultat mes amis se comptaient et se comptent sur les doigts d’une main. Ce sont ceux qui ont fait « l’effort du premier pas ».
Être HPI au Lycée
Là où ma douance a commencé à me poser problème bizarrement c’était au lycée.
Je m’ennuyais sévère. Je décrochais. J’avais pas mal d’activités périscolaires, et je rageais de devoir les limiter pour cause d’emploi du temps scolaire. D’autant que je me sentais encore en décalage complet.
Je me suis vite aperçue que ce qui était traité en cours en 2h, je l’assimilais et le retenais seule, en 15min.
Alors le calcul était vite fait, je ne pouvais pas prétendre à des journées de 48h et les 80% de mes journées types, m’ennuyaient et me donnaient l’impression d’une perte de temps. J’ai donc entamé les négociations avec mon père, pour poursuivre mes années lycée par correspondance.
Fille unique, solitaire, et avec un manque de confiance énorme, la condition sine qua none qu’il m’a posée a été:
-« tu fais un bilan chez une neuropsy pour te rendre compte que tu es intelligente et que tu as tout pour réussir, parce qu’il va te falloir de la confiance pour passer le bac seule. »
Dans mon esprit, je trouvais mon père cool. Je me disais « pas de problème, si y ‘a que ça ça me va ». Je trouvais que je sortais gagnante de ce deal !
J’ai rencontré cette dame, qui m’a beaucoup marquée. J’ai fait ce qui s’est avéré être un test de QI, mais ce que j’ai sur le coup surtout retenu, c’était les discussions que j’avais avec cette dame. Une survivante de l’holocauste. Je la trouvais passionnante.
Le jour du rendu des résultats, j’ai pris note de mon « score » et j’ai conclu « bon ben je suis pas plus conne qu’une autre, tant mieux »…
Ahhh cette habitude de me dire que si y’en a une qui peut échouer c’est moi. Aucune confiance, je vous dis !
Les années ont passé et je continuais de me trouver que des défauts. Sauf UN : l’intelligence. Je SAIS que je ne suis pas stupide ! Alors oui je m’accapare tous les défauts de la Terre, mais pas celui là !
Plus tard, j’ai rencontré un homme, qui m’a séduite par sa répartie, sa culture, les débats philosophiques, littéraires, culturels, sociaux qu’il était capable de tenir. ENFIN quelqu’un capable de saisir mes sous entendus, mes références etc. Quel bonheur !
48h que l’on se connaissait, et un matin je pars travailler, et découvre que lui, avant de partir m’avait glissé dans mon sac un article sur les difficultés sociales des surdoués, (je lui avais fait part de cette impression de n’être nulle part à ma place, tout le temps en décalage, depuis toujours) je pensais « encore un qui va me dire que je suis intelligente que j’ai tout pour moi mais que ma confiance gâche tout »)…
Il se trouve qu’il en était. Mais lui ne manquant pas de confiance, savait qu’il était « au-dessus du lot ». Différence d’égo !
La vie a fait que cet homme est devenu mon mari, et le père de mes enfants.
Notre vie de famille de HPI
Ma première aura 5 ans le mois prochain et je crois que l’approche de la zèbre attitude et la prise de conscience de tout cela s’est faite grâce à elle.
Dans son caractère, il paraîtrait que nous sommes totalement identiques… deux emmerdeuses nées! Je remets tout en question tout le temps, ne me satisfait pas d’un point de vue ou d’un son de cloche sur un sujet. Je me fais l’avocat du diable systématiquement. Ce qui peut être pénible mais me permets au moins de pouvoir me faire MON propre avis.
Ma grande est pareille !
Très tôt elle faisait des puzzles de 50/100/150 pièces, avant même l’entrée en petite section. Petite section où elle était impatiente d’aller, pour apprendre plein de choses…
Autant dire que depuis le premier jour d’école on retrouve une petite fille frustrée, qui s’ennuie, trouve les autres enfants « bofbof’, alors elle est en colère, en permanence.
Elle s’endort extrêmement tard car des questions existentielles ne la lâchent pas :
– Comment respire un moustique ?
– Comment est arrivé le premier homme puisque si c’est le premier il lui fallait bien un papa et une maman ? Et puisqu’on a marché sur la Lune, on pourrait y aller pour les prochaines vacances ? … Et j’en passe !
Notre premier réflexe a été de l’emmener voir une pédo-psychologue. Ça a été radical; « il me paraît évident que votre petite est zébrée » et là au cours de la discussion, elle nous dit « au-delà de 130 de QI on parle de surdoué »… EURÊKA !
Tout ce qui devait nous aider à aider notre fille a eu pour premier effet de me faire faire un bond en avant !
J’ai remercié mon père mille fois (malheureusement il est décédé peu après mon bac) car j’ai compris qu’il savait, et qu’il n’avait juste pas voulu me mettre dans des cases mais me laisser faire mon chemin par moi-même. « Je veux bien t’apprendre à pêcher mais je ne te ramènerai pas de poisson » me disait-il !
Plus d’un an s’est écoulé depuis cette discussion pleine de révélation pour moi.
L’après révélation du Haut Potentiel
Depuis, j’ai douté beaucoup et si ma fille n’était pas zébrée ? Si c’était moi qui lui transmettais mes angoisses, mes stress? Après tout c’est ma fille, donc forcément elle est géniale à mes yeux !
D’où ma réaction pleine d’émotion quand nous avons eu les résultats de notre grande… On est en plein dedans!
L’hyperémotivité, je vous en ai parlé ? Le moindre truc me fait pleurer. De joie, de colère, de tristesse, tout !
Je crois que là où c’est le plus flagrant c’est quand je vois quelqu’un aller au bout de ce qu’il veut, un sportif qui réussit un exploit sportif, un citoyen engagé qui réussit à faire bouger les choses, à l’inverse, je m’affirme par exemple quand quelqu’un me passe devant en caisse, même s’il n’y a pas de dispute qui en découle, je tremble et suis totalement fébrile ! ri-di-cu-le !
Pour ma part, la révélation de la psy de ma fille m’a donné des ailes ; je me sentais incapable de tout.
Depuis, plutôt que me sentir incapable, je me sens comme avec un potentiel inexploité. Et la confiance aidant, (on y arrive peu à peu en se connaissant et se comprenant davantage) j’ai passé et obtenu mon permis ! (Incroyable !! ne serait-ce qu’à cause du Code : typiquement le genre d’exercice ou j’aimerais rajouter une case « Oui mais… »)
J’ai repris mes études, et j’ai lancé ma propre entreprise ! Je cumule tout avec ma vie de famille, et mes enfants qui me demandent, comme tout zèbre qui se respecte, beaucoup de réponses et de patience !
Alors oui, je suis crevée, oui je me sens toujours différente, mais OUI j’ai compris que j’avais un super pouvoir entre les mains, et que sans l’utiliser, je n’avancerai pas.
Et enfin, ma grande, détectée tôt, pourra être guidée au mieux! Et surtout je peux l’aider, et je me refuse à lui faire croire que être surdoué c’est être malheureux ! Non !
Je développe mes compétences et fourmille d’ambition, et compte bien qu’elle en prenne bonne note et qu’elle se serve de tout cela comme exemple !
Et les autres dans tout ça ?
Les autres ? J’essaie de les comprendre, mais si c’est parfois difficile…
Je relativise beaucoup plus et ne perd plus de temps à me laisser détruire par les regards, ou les réflexions sur mon apparente étrangeté, après tout, eux aussi sont bizarres à mes yeux !
Julie, Paris
Tu peux aussi trouver plus d’infos, de ressources et d’outils sur le Haut Potentiel dans le livre témoignage de Mel POINAS. Avec beaucoup d’humour, Mel raconte la découverte de son Haut Potentiel et les routines qu’elle a mis en place pour enfin trouver sa place !
Le livre
Écrit par une HPI !
Un témoignage et des solutions concrètes pour découvrir, comprendre et apprendre à vivre en étant HPI.
Pour aller plus loin, lire aussi
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- Caractéristiques du Haut Potentiel
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- Adulte surdouée, témoignage de ma maman
- Témoignage d’une jeune zèbre en herbe bien dans ses baskets
- Témoignage de Simon, homme, zèbre et hypersensible