L’alimentation joue un rôle crucial dans notre bien-être, et cela se vérifie d’autant plus chez les personnes à haut potentiel intellectuel (HPI), hypersensibles, atteintes de trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) et de troubles du spectre autistique (TSA).
Dans cet article, nous explorerons les bienfaits spécifiques d’une alimentation adaptée à ces profils atypiques, mettant en lumière comment des choix nutritionnels judicieux peuvent contribuer à améliorer leur qualité de vie.
Merci à Julia MARTELLATO, diététicienne – nutritionniste spécialisée dans l’accompagnement des profils atypiques et l’alimentation pour ses conseils et l’aide à la rédaction.
Les Besoins Spécifiques des Personnes HPI
Découvrez les conseils de notre diététicienne pour profiter des bienfaits de l’alimentation quand on est HPI.
Les personnes à haut potentiel intellectuel ont souvent des besoins cognitifs particuliers.
Une alimentation riche en acides gras oméga-3 peut soutenir la fonction cérébrale et favoriser la concentration. De plus, les omégas 3 ont des propriétés anti-inflammatoires, intéressants lorsque les personnes souffrent également de maladie chronique ou inflammatoire.
Qui sont ces acides gras polyinsaturés ?
Les acides gras polyinsaturés sont une famille d’acides gras indispensables à notre organisme puisque nous ne savons pas les synthétiser, nous devons donc les apporter par l’alimentation. Dans cette famille, nous retrouvons l’acide linoléique (LA), précurseur des oméga-6 (constituants des phospholipides membranaires) et l’acide alpha-linolénique (ALA) précurseur des oméga -3 aussi
appelés EPA (Acide Eicosapentaénoïque) et DHA (acide Docosahexaénoïque).
Il faut savoir que le taux de conversion d’ALA en DHA est relativement faible c’est pourquoi un apport en DHA par l’alimentation est indispensable ou il faudra supplémenter le cas échéant. Le DHA est neuro protecteur, c’est l’un des constituants majeurs des lipides de structure du système nerveux central. Il joue un rôle dans la fonction de mémorisation et contribue au développement de
la rétine. L’EPA joue un rôle anti-inflammatoire, il est hypotriglycéridémiant et favorise la fluidité sanguine.
Les aliments riches en oméga 3 sont :
- les huiles végétales : de lin, colza, de noix, cameline, chanvre
- les poissons gras comme : saumon, hareng, maquereaux, sardine, anchois (sourced’EPA/DHA), l’huile de poisson
- les fruits oléagineux (amandes, noix) et les graines de chia, de lin moulues
- les oeufs issus de la filière oméga-3
Les antioxydants
Les antioxydants sont des molécules qui participent à réduire l’oxydation de nos membranes cellulaires, qui peut être responsable du vieillissement et des dommages cellulaires. Les antioxydants protègent donc nos cellules du stress oxydatif (ce dernier résulte d’un déséquilibre entre l’activité des radicaux libres et des antioxydants) provoqué par les radicaux libres qui sont des molécules
instables.
Une surexposition à: la pollution, au tabac, à l’alcool, aux pesticides, ou une consommation riche en graisses saturées et en sucres simples peuvent être des facteurs de risque favorisant le développement de ces radicaux libres.
On retrouve les antioxydants dans différentes familles :
- les caroténoïdes : dans les légumes et fruits de couleurs jaunes et orangés comme les agrumes, les tomates, les légumes à feuilles vertes, les choux…
- les polyphénols présents dans les baies, fruits rouges, pommes, graines, de lin, brocolis, artichaut, oignon…
- les vitamines C : persil, poivrons, agrumes, kiwis…
- les vitamines E : les huiles végétales, graines oléagineuses, huile de fois de morue…
- les oligo-éléments comme le Zinc ou encore le Sélénium : fruits, oeufs, noix du brésil
Gestion de l’Hypersensibilité par l’Alimentation
Les profils hautement sensibles (dont les profils TSA) sont plus à risques d’avoir des troubles gastro-intestinaux.
L’élimination ou la réduction de certains allergènes potentiels, tels que le gluten ou les produits laitiers, peut contribuer à atténuer les symptômes de l’hypersensibilité.
L’introduction d’aliments riches en magnésium, comme les légumes verts à feuilles et les noix, peut aider à réguler le système nerveux.
Il est important de consulter un professionnel de la santé et qu’il y ait une intolérance avérée avant de retirer toute famille d’aliments de son régime alimentaire.
Les évictions sont envisageables uniquement si elles sont nécessaires ou si elles proviennent d’un souhait en accord avec vos valeurs (réduire la viande, le poisson, passer sur une alimentation vegan ou fléxitarienne). Là encore, un professionnel pourra vous accompagner dans cette transition pour éviter les carences.
TDAH : Le Pouvoir de l’Équilibre Nutritionnel
Le TDAH peut présenter des défis significatifs au quotidien.
Pour les personnes atteintes du Trouble Déficitaire de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH), un équilibre nutritionnel est également essentiel.
Une alimentation là encore variée et équilibrée est la règle d’or et sera garante d’un apport suffisant en nutriments qui permettront un maintien d’énergie sur la journée et la stabilisation de l’ humeur.
La modulation des sucres simples peut également avoir un impact positif sur la concentration. Enfin, il faudra veiller à ne pas sauter de repas. La réduction du sucre raffiné et des produits transformés réduit l’hyperactivité. L’alcool peut aussi avoir des effets néfastes sur les personnes ayant un TDAH et peut être un facteur de risque d’addiction pour ces personnes recherchant une récompense souvent immédiate.
En plus des approches traditionnelles de traitement, de nombreuses personnes se tournent vers des compléments alimentaires pour compléter leur gestion du TDAH.
Quels compléments alimentaires choisir quand on souffre de TDAH ?
Oméga-3 et TDAH
Les acides gras oméga-3, présents dans les poissons gras tels que le saumon et les suppléments d’huile de poisson, ont fait l’objet de nombreuses études liées au TDAH. Des recherches suggèrent que les oméga-3 pourraient jouer un rôle dans le développement et la fonction cérébrale, ce qui en fait un complément populaire pour ceux atteints de TDAH. (voir rapport d’étude sur le site Hypersupers TDAH France).
Zinc et Magnésium et TDAH
Le zinc et le magnésium sont des oligoéléments essentiels qui peuvent influencer la santé mentale.
Certains experts estiment qu’ils pourraient contribuer à atténuer les symptômes du TDAH. Cependant, il est crucial de ne pas réaliser d’automédication et de consulter un professionnel de la santé avant de se supplémenter.
Vitamine B et TDAH
Les vitamines du groupe B sont essentielles au fonctionnement du cerveau et à la production d’énergie. Certains rapports suggèrent que les vitamines du groupe B (notamment la B6 qui intervient dans la synthèse de la dopamine) peuvent favoriser la concentration, l’attention et la mémoire. Cependant, la recherche est encore limitée, et il est important de comprendre que les besoins vitaminiques varient d’une personne à l’autre suivant son alimentation.
Ginkgo Biloba et TDAH
Le Ginkgo Biloba est une plante dont les extraits sont parfois utilisés pour améliorer la mémoire et la concentration. Bien que les preuves concernant son efficacité spécifique dans le TDAH soient limitées, certaines personnes signalent des améliorations subjectives lorsqu’elles intègrent cet extrait dans leur routine quotidienne.
Rappel >> Avant d’envisager de prendre des suppléments alimentaires ou d’adapter votre alimentation en prévenance de votre trouble, il est primordial d’en discuter avec votre médecin ou votre psychiatre et de consulter un-e diététicien-nne pour envisager des alternatives et un suivi encadré.
Alimentation et TSA : Une Approche Personnalisée
Chez les personnes atteintes de TSA, la prévalence à présenter des troubles gastro-intestinaux et des maladies inflammatoires de l’intestin est plus importante que des individus neurotypiques. Cela peut se traduire par des douleurs abdominales et un inconfort digestif.
Chez les personnes autistes, notamment les enfants, les comportements agressifs, les troubles du sommeil rapportés ou encore l’irritabilité peuvent être liés à l’inflammation et aux douleurs du système gastro-intestinal.
Les études sur le lien entre le microbiote et l’autisme se multiplient pour vérifier la piste selon laquelle l’amélioration de la flore intestinale pourrait jouer sur les douleurs et l’inconfort ressenti chez ces patients. De plus, les pistes sur la vitamines B6 et le magnésium sont également de plus en plus étudiés pour les profils TSA, ils sont indispensables pour le fonctionnement du cerveau et présenteraient des bénéfices comme une amélioration des troubles intestinaux et de la mémoire.
L’approche à l’alimentation pour les personnes atteintes de troubles du spectre autistique (TSA) est encore une fois très variable d’un individu à l’autre. En effet, aucun patient ne présente les mêmes sensibilités.
Cependant, certaines approches alimentaires peuvent bénéficier à de nombreuses personnes autistes. Il est essentiel de noter que toute modification significative de l’alimentation doit être discutée avec un professionnel de la santé, de préférence un médecin nutritionniste ou un diététicien, pour s’assurer qu’elle répond aux besoins nutritionnels spécifiques de chaque individu.
Voici quelques principes alimentaires qui peuvent être essayés par des personnes TSA :
- La prise de probiotiques pour améliorer la flore intestinale et permettre de réduire les inconforts intestinaux. Cela devra également être discuté avec un professionnel de la santé.
- Éviter les allergènes potentiels : Certains individus autistes peuvent être sensibles à certains aliments. Il peut être utile d’explorer l’élimination ou la réduction des allergènes. Cependant, cela doit être fait sous la supervision de plusieurs professionnels de la santé comme un médecin généraliste, un allergologue et un nutritionniste spécialisé en TSA.
- Prioriser les aliments riches en micronutriments : Assurez-vous d’inclure dans l’alimentation des aliments riches en vitamines et minéraux, tels que les fruits, les légumes, les fruits de mer, les noix et les graines. Ces aliments contribuent à un apport nutritionnel équilibré et permet d’éviter toutes carences.
- Maintenir un équilibre entre les macronutriments : Veillez à ce que l’alimentation soit équilibrée en glucides complexes, protéines, légumes et graisses saines. Cela peut aider à maintenir un niveau d’énergie stable et à soutenir le fonctionnement du cerveau.
- Favoriser une alimentation variée : Encouragez une diversité d’aliments pour garantir un large spectre de nutriments et éviter des carences nutritionnelles.
- Adapter la texture des aliments : Certains autistes peuvent avoir des préférences pour certaines textures alimentaires. Respecter ces préférences peut rendre l’alimentation plus agréable.
- Écouter les signaux du corps : Les personnes autistes peuvent avoir des sensibilités alimentaires particulières. Il est crucial d’observer et d’écouter les signaux du corps pour comprendre quelles textures, saveurs et types d’aliments sont bien tolérés.
- Adopter une routine : manger à des heures fixes, ne pas sauter de repas, manger dans le calme, éviter les écrans lors des repas
- Favoriser un bon sommeil : un manque de sommeil accentue les symptômes comme : l’irritabilité, le manque de concentration, les troubles de l’humeur. Les experts recommandent 11-13h de sommeil pour les enfants de maternelle et 10 à 11h pour les enfants en primaire. Il est également de plus en plus documenté que les profils TDAH & TSA sécréteraient moins de mélatonine (l’hormone du sommeil). Des professionnels de la santé peuvent également vous conseiller sur cette problématique.
Il est important de souligner que chaque personne autiste est unique, et une approche individualisée est essentielle. Consulter un professionnel de la santé qualifié peut aider à élaborer un plan nutritionnel adapté aux besoins spécifiques de chaque individu atteint de TSA.
Conseils Pratiques de notre Diététicienne-Nutritionniste
Je remercie Julia pour son aide sur cet article et j’en profite pour lui demander ses recommandations pour accompagner au mieux ces profils atypiques au quotidien.
Julia Martellato, Diététicienne-Nutritionniste
Julia, tu accompagnes des profils divers au quotidien comme ceux qui s’orientent vers une alimentation végétale ou flexitarienne, les personnes qui souffrent de maladies inflammatoires et chroniques et aussi les profils atypiques (TSA, TDAH, HPI et Hypersensibles). Quels conseils peux-tu donner à nos lecteurs pour les aider dans leur alimentation au quotidien ?
Julia : Ces conseils sont applicables par tout le monde mais pour les profils atypiques qui sont très sensibles et perméables à leur environnement, ils sont essentiels.
- Premir conseil : Diversifiez votre alimentation !
Optez pour une variété d’aliments afin de garantir une gamme complète de nutriments essentiels et ainsi éviter les carences. Il n’y a pas de mauvais aliments ! C’est leur fréquence et leur association qui peuvent avoir un impact sur le long terme.
Par exemple, si vous aimez le fromage, ne vous privez pas mais évitez d’en consommer à tous les repas, essayez d’alterner avec des yahourts ou du fromage blanc. - Deuxième conseil : Écoutez votre corps
Soyez attentif aux réactions de votre corps à certains aliments, en cas de douleurs ou d’inconforts, prenez l’habitude de tenir un journal de bord et notez les repas après lesquels vous ne vous êtes pas sentis bien. Ajustez ensuite votre alimentation en conséquence après avis auprès d’un spécialiste. - Troisième conseil : Hydratez-vous bien
Assurez-vous de rester bien hydraté, ce qui est crucial pour le fonctionnement optimal du cerveau. De manière générale, on remarque que les gens boivent peu, simplement parce qu’ils n’y pensent pas !
Garder une gourde à disposition : au travail sur votre bureau, chez vous près de votre lit.
Pour les profils atypiques, ces conseils peuvent être intégrés dans une routine quotidienne, que cela devienne un réflexe, qu’il n’est plus à se dire, je dois penser à boire de l’eau et à bien m’hydrater…
Merci Julia pour ces conseils qui semblent pourtant simples à mettre en place mais qui effectivement, dans nos vies quotidiennes à 100 à l’heure ne sont pas toujours évidents à maintenir sur du long terme. Il y a aussi la difficulté à varier son alimentation quand on est atypique ou alors qu’on a des rituels comme les TSA.
Moi, personnellement, j’achète souvent les mêmes choses et je manque peut-être de variétés dans mes achats alimentaires. Je fais toujours les mêmes courses souvent en drive et je cuisine souvent les mêmes plats. Qu’est-ce que tu me conseilles pour modifier ça ?
Les plus d’un accompagnement personnalisé par une diététicienne spécialisée en TND / Neurodiversité :
Je te conseille des applications en ligne comme JOW qui te permet de varier tes menus et tes recettes ou encore le site Manger Bouger qui est très bien réalisé. Cuisiner soi-même permet aussi de varier les repas et de travailler les produits différemment. Étant toi-même HPI et TDAH, je te conseille aussi de te faire accompagner mais je sais que tu l’es déjà.
Un diététicien n’est pas là uniquement pour la perte de poids, il est justement là pour accompagner à la santé et au bien-être. On l’a vu précédemment, une alimentation qui nous convient permet une meilleure énergie sur la journée, d’être plus attentif, de réduire l’inconfort et l’inflammation. On se sent plus tonique et en meilleure forme.
La Consultation Médicale Avant Tout
Quoiqu’il en soit, il est vraiment important de consulter un professionnel de la santé avant d’apporter des changements majeurs à votre régime alimentaire. Les nutritionnistes travaillent directement avec les médecins car une prise de sang est bien souvent nécéssaire avant d’envisager de modifier, supplémenter ou compenser des éventuelles carences.
Chaque personne réagit différemment et une approche individualisée est cruciale.
De plus, les compléments ne doivent pas remplacer les traitements médicaux conventionnels, mais plutôt les compléter.
L’alimentation peut jouer un rôle significatif dans l’amélioration du bien-être des personnes HPI, hypersensibles, atteintes de TDAH et de TSA. En adoptant une approche consciente des choix alimentaires, il est possible d’optimiser la santé mentale et physique, offrant ainsi un soutien précieux à ces profils neurodivergents.
Pour conclure sur l’alimentation et les TND / HPI / Hypersensible
En conclusion, bien que certains compléments alimentaires puissent potentiellement offrir des avantages pour les personnes HPI, hypersensibles ou atteintes de TSA, TDAH, l’accompagnement par un diététicien – nutritionniste reste la clé pour prendre des décisions éclairées et de rechercher des conseils appropriés.
La gestion de la neurodiversité est complexe, on connaît les diagnostics différentiels et les comorbidités qui peuvent y être associés. Pour trouver un équilibrer au quotidien, une approche holistique est nécéssaire pour assurer le bien-être global.
Un grand merci à Julia Martellato, Diététicienne spécialisée dans l’accompagnement nutritionnel des personnes en TSA, HPI, TDAH, Hypersensible de nous avoir aidé dans la rédaction de cet article. Son site web : Julia-diet.fr
Tu peux aussi trouver plus d’infos, de ressources et d’outils sur la double exception TDAH et Haut Potentiel dans le livre témoignage de Mel POINAS.
Avec beaucoup d’humour, Mel raconte la découverte de son Haut Potentiel. Elle ne savait pas qu’elle avait aussi un TDAH mais son guide de survie en fin de livre et les routines qu’elle a mises en place pour enfin trouver sa place était déjà adaptées aux personnes HPI et TDAH !
Le livre
Écrit par une HPI !
Un témoignage et des solutions concrètes pour découvrir, comprendre et apprendre à vivre en étant HPI.
Pour aller plus loin sur le blog, lire aussi
- TOP 16 des meilleurs livres sur le TDA/H
- Le syndrome de l’imposteur
- Comment passer le test du WAIS 4
- HPI et Hypersensibilité
- Notre livre Suivez le Zèbre