Témoignage de Fleurs : parcours de HPI

Jenny femme HPI éloge à ma différence

Hello,

Moi c’est Fleur ! Je suis un zèbre (j’adore dire ça parce que, de façon littéral, en tant que homo sapiens sapiens ça n’a aucun sens ! Breeeeef) et j’ai 16 ans.

Par où commencer ? Peut-être par mon parcours scolaire un peu particulier, car il est à l’origine de nombreux questionnement sur mon fonctionnement :

En maternel, je pétais les plombs (désolé pour cette expression peu distinguée mais il n’y a rien de gracieux dans le fait d’avoir 4 ans et de faire des crises de colère abominables) à chaque fois que je rentrais de l’école. C’est à dire deux fois par jours, 4 fois par semaine. Les week-end, mercredi et pendant les vacances… aucun problème.

Ça passe.

En CM1 j’ai peur. De quoi ? Des terroristes, voleurs, catastrophes naturelles, de la mort de mes parents. J’ai peur et ça m’empêche de dormir. Je pleure « sans raisons » régulièrement. Mes parents comprennent que je m’ennuie à l’école. Ils prennent rendez-vous avec ma maitresse pour discuter d’un éventuel saut de classe. Sa réponse est simple: non. Pourquoi ? Honnêtement, même maintenant je ne sais pas vraiment. Pour elle j’étais certainement juste une bonne élève, silencieuse et disciplinée… où est le problème ? Je vois une psychologue scolaire, qui me fait passer un test de QI. Résultat ? 143 (et même certainement plus étant donné les conditions de passage du test, d’après la psychologue). Qu’est-ce que j’en pense ? Mes impressions étaient plutôt positives, je pouvais lire noir sur blanc la cause de mon état. Mais, sincèrement, à 10 ans je ne me rendais pas vraiment compte de ce qui m’arrivait. Je ne faisais pas bien le lien entre mes heures à dessiner des chevaux en classe parce que j’avais fini l’exercice la première et l’apparition de cette peur, non pas irrationnelle mais disproportionnée. Quel est le risque que dans ma petite ville de 3300 habitants il y est un attentat ? Quel est le risque qu’un séisme détruise ma maison ?
Mes parents créent un dossiers et vont à l’académie pour que je puisse passer directement au collège l’année suivante. Victoire ! J’arrive donc en 6ème avec un an d’avance. Ça va mieux, ça va bien. En 5ème je fais partie d’un groupe de copine, on est toutes dans la même classe, c’est chouette.

C’est en quatrième que les choses se gâtent à nouveau. Encore une fois sans événements directement liés. Je passe un bon été, j’en ai un peu marre à la fin, je suis contente de retourner en cours.
Jour J (ou plutôt R pour rentrée). On passe les trois premières heures à distribuer les emplois du temps et parler de ce qu’il va se passer durant l’année. On ne fait rien donc, ou presque rien. Je rentre à la maison déçue, c’était vraiment déjà comme ça, le collège ?
Mon moral descend progressivement durant ses premiers mois. Je fini par pleurer tous les jours, tous les soirs plutôt.
« – Pourquoi ?
– Pour rien. Je ne sais pas. »
Je ne sais pas pourquoi je me sens si mal. Ce n’est même plus une peur vaguement précise. Non, juste un mal-être diffus. Je sais que c’est, certainement, encore une fois parce que je me fais suer comme un rat mort 30 heures par semaine. Mais j’aime ça, l’école ! Je ne rate pas un cours, même fiévreuse, j’ai des notes plus qu’excellentes, j’ai des amies, une classe sympa… alors, m*rde, pourquoi je pleure encore ? (Est-ce qu’en fait c’est normal à mon âge ? Est-ce que je suis juste une petite nature trop émotive ? Est-ce que je fais exprès, pour attirer l’attention ?)
Arrive un moment où j’ai le ventre noué 24h sur 24. Je mange moins. Je n’arrive plus à m’endormir. Je commence même à avoir la gorge serrée et les larmes aux yeux en cours.
Plusieurs aménagements me sont proposés. Je refuse de sauter une classe à nouveau. Officiellement, parce que je n’ai pas envie de me réintégrer encore une fois dans un nouveau groupe. C’est en partie la vérité… mais j’ai surtout l’impression que sauter une classe serait me voler une année de mon enfance. À ce moment là, pour moi, baccalauréat = fin de ma vie. Je ne veux plus faire d’études supérieurs, plus souffrir une seule année supplémentaire.
Vous avez peut-être du mal à me suivre désormais, parce que c’est sacrément paradoxal, ce rejet de la vie après le lycée alors même que c’est ce qui me fait souffrir. Mais c’est inconnu, alors ça fait peur.

Ce qui est difficile c’est que (comme j’ai pu le lire plus tard dans le livre Je pense trop) durant cette période je vis quand même des moments de joie sincère, réelle. Je suis nostalgique de mon enfance passée et de mon adolescence même pas encore terminée. J’étais heureuse à peine 6 mois auparavant et je m’accroche à ça. C’est aussi lié à un cruel manque de confiance en moi qui me fait avoir peur de tout ce qui est inconnu, nouveau, incertain. Je n’arrive plus à m’adapter et je n’accepte pas cet échec. Je n’arrive pas à gérer le collège, comment je pourrais m’en sortir en prépa, loin de tout ce et ceux que j’aime ?

On me propose aussi de faire le cned. Mais j’ai déjà fait une année d’italien, de façon informel, et ça me semble vraiment difficile.

Finalement, en cours, j’ai le droit de lire sur le comportement animal et d’avancer ce « projet ».
C’est insuffisant. Je ne vais pas vraiment mieux.

Mais, ma quatrième, c’était l’année scolaire 2019-2020.
En mars arrive le confinement. C’est le déclic. J’adore faire les cours à distance, à mon rythme.

Alors, en septembre je fais ma rentrée en CNED reglementé. Le premier mois n’est pas facile, j’ai du mal à m’adapter à l’exigence des correcteurs et à accepter de ne plus avoir 18 de moyenne. J’ai des notes en dessous de 10/20 pour la première fois de ma vie et c’est dur. Mon égo en prend un coup.
Mais, au fur et à mesure, je vais de mieux en mieux.

// J’aimerais ici faire un petit point sur les psychologues que j’ai rencontré. Parce que, honnêtement, il ne m’ont été d’aucune aide.
J’ai vu la psy scolaire en primaire mais seulement pour passer le test de QI. On n’a pas parlé beaucoup de mes phobies.
À cette même période j’ai vu une psychologue pour monter le dossiers visant à prouver la nécessiter pour moi de sauter une classe. J’ai revu cette même personne 3 ans après et elle m’a fait plus de mal que de bien. Elle me trouvait trop dépendante de mes parents, ce qui n’a fait que me faire culpabiliser plus.
La COP (Conseillère d’Orientation Psychologue) du collège, maman d’un ado HPI elle aussi, m’a été plus bénéfique. Mais parler n’a jamais été mon moyen d’expression de prédilection. De la même façon que pleurer ne m’a jamais soulagé, dire au autres comment je me sentais ne me libérait pas vraiment.
Enfin, j’ai vu une psychologue pour actualiser le dossier d’inscription au CNED entre la troisième et la seconde. Que dire ? Ce fût une catastrophe en tous points, me créant une crise d’angoisse monumentale une heure après la fin du rendez-vous. Je me suis sentie anormale, inadaptée…

Quelques mois plus tard, je consultais une orthopédagogue, spécialisée dans le HPI. On a travaillé ensemble plusieurs mois sur ma compréhension de mon fonctionnement ainsi que mes techniques et capacités d’apprentissage. C’est certainement la professionnelle qui m’a fait le plus de bien. Elle m’a bien aidée aussi d’un point de vue scolaire, pour optimiser ma gestion des cours à distance. //

Je pense avoir fait le tour de mon parcours en tant que zèbre, même s’il y a sans doute encore tellement de choses à dire !

Aujourd’hui je suis toujours au CNED, en libre à cause des récentes réformes sur l’école à distance.
Ce n’est pas toujours facile d’être HPI, l’adolescence ajoutant également son (gros) grain de sel dans le bric-à-brac de mes émotions. Mais j’ai réussi à trouver un équilibre qui me permet de me sentir bien et je suis très heureuse de mon choix scolaire actuel.

Merci de m’avoir lu jusqu’ici !
En espérant que mon témoignage ai pu vous aider,

Fleur 🦓

P-s: c’est dans ma nature de toujours prendre sur moi et de dissimuler quand ça ne va pas. Je n’aime pas m’épancher. Bon, je vous l’accorde, c’est exactement ce que je suis en train de faire en ce moment même. Mais l’écrit est bien différent de l’oral et si mon témoignage vous ennui vous êtes libre d’arrêter de le lire.
Publier ceci n’est pas simple car j’ai peur que se soit inutile, trop banal ou pleurnichard. Mais je me suis dit que s’il y a une petite chance que ça serve à quelqu’un, alors il vaut mieux ne pas laisser traîner ce texte dans mes fichiers word…

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