Témoignage : vivre avec le Trouble de la Personnalité Borderline

Témoignage trouble de la personnalité borderline

Borderline, mon Parcours de la découverte au rétablissement

Bonjour à tous,

Je m’appelle Fiona Jestin (mais je préfère qu’on m’appelle Fio !). Je suis la créatrice du site borderattitude ainsi que du compte Instagram du même nom, où je partage mon expérience et des conseils pour mieux gérer le trouble de la personnalité borderline (TPB) au quotidien.

À travers mon parcours, je souhaite partager mon expérience avec le TPB, depuis les premiers symptômes jusqu’à ma quête de rétablissement et de bien-être.

Comprendre le trouble de la personnalité Borderline !

Le trouble de la personnalité borderline (TPB) est une condition mentale qui affecte entre 2 et 4 % de la population.

Il se caractérise par :

  • une instabilité émotionnelle
  • des relations interpersonnelles tumultueuses
  • une forte peur de l’abandon

Les symptômes : Vous n’êtes pas seul·e

Les premiers signes du trouble de la personnalité borderline ont fait leur apparition dans mon enfance.

L’anxiété et le trouble de la personnalité borderline

Dès l’âge de 4 ans, j’étais hantée par une peur intense de l’après-mort. Je m’imaginais seule pour l’éternité dans un noir absolu, statique mais « vivante », incapable d’utiliser mes sens. Cette terreur me faisait me sentir incomprise et en décalage avec les autres, un sentiment qui allait m’accompagner le long de ma vie.

À 18 ans, cette peur et ce sentiment de décalage ont pris une tournure encore plus dramatique. Je vivais une relation à distance avec mon copain au Brésil. Lorsqu’il est venu me rejoindre à Bruxelles, une panique extrême m’a envahie. Je me suis retrouvée bloquée par la pensée intrusive : « Comment vais-je faire si un jour j’ai envie de rompre avec lui alors qu’il a fait cet énorme effort pour moi ? »

Cette anxiété a déclenché une série de symptômes :

  • dépersonnalisation
  • sentiment de vide
  • automutilation
  • crises d’angoisse avec sensation de mort imminente
  • crises de colère insoutenables
  • peur extrême de l’abandon
  • alternance entre idéalisation et dévalorisation de l’autre

Je me sentais enfermée dans cette relation et pourtant, la peur de l’abandon me poussait à manipuler inconsciemment pour être rassurée. Ces symptômes ont rendu la relation très difficile et ont finalement conduit à une rupture.

TPB, de l’angoisse à l’addiction

Après cette rupture, j’ai sombré dans une période de profonde angoisse, utilisant l’alcool et les jeux vidéo comme échappatoire. Pendant plusieurs années, j’ai enchaîné les relations amoureuses, rongée par une dépendance affective. Chaque fois qu’une relation devenait stable, les mêmes symptômes refaisaient surface, me poussant à rompre à nouveau.

Je n’avais plus aucune estime de moi-même. J’ai pensé de nombreuses fois au suicide, mais c’était impensable pour moi. La terreur de l’après-mort m’a empêchée de passer à l’acte. À cause de cela, je me sentais coincée dans la vie. Quand la vie est devenue terrifiante, chaque seconde étant vécue comme un supplice et une angoisse, j’ai su que je devais trouver un moyen de remonter la pente…

À 20 ans, j’ai été diagnostiquée avec un trouble anxieux généralisé (TAG). Trois ans plus tard, à 23 ans, j’ai découvert que j’étais à haut potentiel intellectuel (HPI) et hypersensible. Bien que ces diagnostics aient apporté une certaine clarté, je sentais qu’il y avait autre chose.

TDAH ou Trouble de la personnalité bordeline

Ce n’est qu’à 28 ans, après avoir consulté une neuropsychologue pour ce que je pensais être un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité TDAH, que le diagnostic de TPB, trouble de la personnalité borderline, a été posé. Cette révélation, bien qu’extrêmement difficile à accepter (cela m’a pris un an), a été libératrice.

Elle m’a permis de comprendre que j’étais responsable de mes comportements et que je pouvais les changer.

TPB, l’acceptation et le diagnostic

Recevoir un diagnostic de TPB a été un tournant dans ma vie. Bien que cela ait été une nouvelle difficile à accepter, cela m’a également ouvert la porte à un traitement et à un soutien appropriés.

Cette prise de conscience m’a permis de mieux comprendre mes réactions et de travailler activement sur moi-même pour améliorer ma qualité de vie. L’acceptation du diagnostic m’a aidée à me libérer de la culpabilité que je portais depuis des années. J’ai réalisé que je pouvais prendre le contrôle de ma vie et que mes comportements pouvaient être modifiés.

Le chemin vers le rétablissement : tout est possible !

Malgré les défis rencontrés, j’ai découvert qu’il était possible d’aller mieux et de trouver une certaine stabilité.

À retenir

Ma prise en charge actuelle est holistique et inclut plusieurs aspects.

Mes conseils routine

  • D’abord, j’ai adopté une hygiène de vie très saine
  • Je m’assure de dormir suffisamment, car la fatigue aggrave mes pensées intrusives et mes émotions envahissantes
  • Je pratique régulièrement du sport, ce qui m’aide à sécréter des hormones du bonheur et à réguler mon humeur.
  • Mon alimentation est équilibrée, ce qui contribue également à mon bien-être général
  • Je pratique la méditation et le breathwork quotidiennement pour me reconnecter à mon corps et apaiser mon esprit. La cohérence cardiaque est une autre technique que j’utilise pour gérer le stress et les émotions intenses. Ces pratiques sont devenues des habitudes ancrées dans ma routine, me permettant de réagir plus sereinement face aux situations stressantes.

En plus de travailler sur l’acceptation de mes émotions, j’ai également entrepris un long processus de guérison qui a impliqué de nombreuses techniques et thérapies.

Quelles thérapies ?

Après avoir enchaîné 10 ans de thérapies classiques par la parole, j’ai décidé de tenter des thérapies psycho-corporelles que je trouve particulièrement efficaces.

L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) et la Somatic Experiencing m’aident à traiter les traumatismes sous-jacents. La thérapie par l’intégration du cycle de la vie (ICV) est une autre méthode que j’utilise pour explorer et apaiser les blessures émotionnelles. J’ai également suivi 10 séances de neurofeedback dynamique l’an passé, qui m’ont aidée à défusionner de mes pensées et à me sentir plus consciente.

Je me suis également beaucoup formée sur la théorie polyvagale, la régulation du système nerveux et la fenêtre de tolérance. Cela m’a permis de mieux comprendre ce qu’étaient un trauma et la dissociation. Cela m’a beaucoup rassurée et m’a confirmé que j’étais sur la bonne voie pour guérir de mes traumas.

De plus, en travaillant sur la communication non violente, en partageant mes besoins et en fixant mes limites, j’apprends petit à petit à m’accepter et à m’aimer pleinement. Je ne suis plus esclave du « people pleasing » et je trouve enfin ma place dans ce monde.

L’acceptation des émotions

Un aspect crucial de mon rétablissement a été l’acceptation de mes émotions.

Pendant longtemps, j’avais tendance à culpabiliser énormément de me sentir différente, de ne pas pouvoir faire comme les autres, et de ne pas vouloir une vie « rangée ». J’ai besoin de découvrir, d’explorer, de sortir de ma zone de confort, de changer, d’adapter et de m’adapter perpétuellement. J’ai décidé de voir ces traits comme une force plutôt que de vouloir faire comme tout le monde. J’ai appris à accepter qui je suis, à écouter mon intuition et à m’écouter moi-même.

C’est dur car je n’ai pas de « guide » et ce n’est pas ce que prône la société.

Trouble de la personnalité bordeline et relations amoureuses

Je me pose notamment beaucoup de questions sur le genre de relation que je veux (avec un homme ? une femme ? monogame ? relation libre ?).

Parfois, cela me stresse énormément, et finalement, je décide de lâcher prise et de voir ce que me réserve la vie. J’accepte également de passer régulièrement par des moments de down. Et c’est ok. Je sais que c’est une émotion qui a besoin d’être écoutée, et je lui laisse sa place en sachant que c’est temporaire.

Lâcher-prise sur ses émotions

Je me rappellerai toujours de ce jour où j’étais chez mon frère pendant quelques jours de vacances à Antibes. Je me réveille un matin et je me sens désespérée. Je ne comprends pas et je FAIS tout ce que je peux en termes d’outils pour aller mieux :

  • yoga
  • étirements
  • méditation
  • journaling

Rien ne fonctionne…

Mon frère dort encore et je décide d’aller marcher au bord de la mer. Il fait beau, je suis en vacances, et je me sens au plus mal. Je tente de marcher en pleine conscience, mais rien n’y fait : je culpabilise et je me demande en boucle : « Mais pourquoi tu vas mal ? Tu as tout pour être bien ! T’es vraiment une incapable, hein, pourrie gâtée. » Finalement, après un trop plein car j’attendais dans une file pour acheter un café et qu’il y avait trop de bruits, j’explose en larmes sur un banc. Je me moque qu’on me regarde, j’ai juste besoin d’évacuer, tout sort tout seul. Et je me dis : « Oh que c’est dur. »

En fait, enfin, plutôt que d’être dans le faire et de me persuader que tout va bien, je m’écoute, je me cajole et je me soutiens. Dix minutes plus tard et beaucoup de larmes évacuées, je me sentais déjà libérée et je décidai de ne plus jamais me forcer à aller bien tout le temps.

La vie, ce n’est pas être heureuse tout le temps. La vie, ce ne sont pas des émotions agréables en permanence. Les émotions sont là pour être entendues et écoutées et ont toujours un message à nous faire passer.

Les souvenirs et le processus de guérison

En ce moment, à mesure que je me libère de mes traumas, beaucoup de souvenirs reviennent, plus de 500 par jour. Des souvenirs que je qualifie de « neutres » que j’avais oubliés reviennent. Cela peut être un jeu effectué avec une amie lorsque nous avions 6 ans tout comme un moment où j’étais assise en cours lorsque j’avais 22 ans, il y a de tout. Ce sont de vrais flash-backs !

Je pense que cela se produit parce que je sors petit à petit de la dissociation à mesure que je me sens de plus en plus en sécurité dans mon corps. C’est un long combat qui demande beaucoup de courage et de persévérance, et ce serait si simple de tout arrêter en reprenant l’alcool ou autre. Mais je tiens bon, car je sais que je suis sur la bonne voie. Et je continuerai de transmettre tout cela afin que d’autres personnes qui se sentent incomprises puissent se sentir moins seules.

Un mode de vie sans alcool…

Une autre étape cruciale de mon parcours a été de décider de faire un an sans alcool.

J’ai réalisé que l’alcool était un moyen pour moi de fuir mes émotions, et j’ai décidé de m’en passer pour me reconnecter complètement à moi-même. Ce n’est pas facile, car je n’ai plus aucun outil pour anesthésier mes émotions, mais en même temps cela me permet de mieux les comprendre et de les gérer. Depuis que j’ai arrêté de boire, j’ai remarqué une amélioration significative de ma santé mentale. Mes pensées sont plus claires, mes émotions plus stables, et j’ai un meilleur contrôle sur ma vie.

…et sans dépendance affective

J’ai également pris la décision d’arrêter de sortir « avec le·la premier·ère venu·e ».

J’ai compris que je cherchais à combler un vide affectif en me précipitant dans des relations. Maintenant, j’apprends à combler ce manque par moi-même, à me faire du bien et à me cajoler. J’ai des projets personnels qui me tiennent à cœur, et je me concentre sur moi-même, en laissant venir les choses plutôt que de les chercher activement.

Je ne prends pas de médicaments actuellement, car j’ai trouvé des alternatives qui fonctionnent bien pour moi. Cependant, à 22 ans, j’ai pris des antidépresseurs pendant un an et demi. À cette époque, je ne pouvais pas m’en passer, car j’étais trop angoissée.

La Maison Perchée : un soutien inestimable

En plus de mon travail personnel, je suis pair-aidante à la Maison Perchée, une association qui aide les personnes avec des troubles psychiques tels que le trouble bipolaire, la schizophrénie et le TPB.

J’y co-anime des groupes de parole, offrant un espace de soutien et de compréhension pour ceux qui en ont besoin. Le fait de pouvoir partager mon expérience et d’aider les autres est une source immense de satisfaction et de guérison pour moi. Travailler avec d’autres personnes qui traversent des expériences similaires m’a permis de me sentir moins seule et de trouver une communauté de soutien.

Agir en tant que proche

Si vous avez un·e proche qui souffre du trouble de la personnalité borderline, il est important d’adopter une approche empathique et compréhensive.

Éduquez-vous sur le TPB, ses symptômes et son impact sur la vie quotidienne. Favorisez une communication ouverte et honnête, encouragez la personne à suivre un traitement professionnel et montrez-lui votre soutien.

Fixez vos propres limites et prenez soin de votre propre bien-être émotionnel. Il est essentiel de se rappeler que la personne souffrant de TPB a besoin de soutien, mais vous aussi. Ne négligez pas votre propre santé mentale !

Garder espoir !

Le parcours vers le rétablissement avec le TPB n’est pas linéaire. Il y a des hauts et des bas, des moments de progrès et des reculs. Mais chaque pas en avant compte. J’ai appris à me concentrer sur les petites victoires et à être patiente avec moi-même. Il est selon moi important de se rappeler que les émotions sont temporaires et inoffensives, même si elles semblent insurmontables sur le moment.

Je ne suis pas encore complètement rétablie, mais chaque jour est une nouvelle opportunité pour progresser, et je ne lâche rien. J’apprends à m’aimer et à m’accepter, à combler mon manque affectif par moi-même et à me libérer de mes traumas. Le soutien de mes proches et des professionnel·le·s de la santé mentale a été inestimable dans ce parcours.

Le pas suivant : trouvez votre chemin vers le bien-être

Si vous aussi, vous cherchez des ressources pour mieux gérer le TPB, je vous encourage à explorer mon site borderattitude, mon compte Instagram et mes ressources gratuites. Vous y trouverez des workbooks, des quiz, des témoignages en vidéo et en podcast, ainsi que mon ebook payant.

Le chemin vers le rétablissement est parsemé de défis, mais chaque petit pas en avant est une victoire. En apprenant à s’accepter et à aimer chaque aspect de soi-même, même les parties les plus sombres, nous pouvons trouver une véritable guérison et une vie plus épanouie. Rappelez-vous toujours que vous n’êtes pas seul·e dans ce voyage et que la lumière se trouve au bout du tunnel.

Gardez espoir, soyez patient·e avec vous-même, et surtout, continuez à avancer avec courage !

Avec tout mon soutien,

Fio

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